Critique : Jusqu’à mon dernier souffle

Marjolaine Gout | 20 novembre 2012
Marjolaine Gout | 20 novembre 2012

Colosse aux pieds d'argile ! C'est ce qu'exsude l'ultime métrage de Yash Chopra. Ce monstre sacré du cinéma hindi tire sa révérence avec un point final éloquent, teinté de quelques travers. Jusqu'à mon dernier souffle lève ainsi le rideau sur  le chant du cygne du roi de la romance et du climax. Et quel festin filmique ! Ici, abonde grâce et grandeur, effusions et certes imperfections. Entre démesure et exacerbation des passions, Yash chopra dresse un film ancré dans la tradition « bollywoodienne », dont il codifia jadis la forme. Mais c'est mal connaître cet infatigable précurseur. Il y redéfinit une nouvelle fois les contours d'un cinéma en se positionnant en rupture. Alliant tradition et contemporanéité, il prouve qu'il est possible de moderniser et d'expérimenter un art  semblant figé. Yash Chopra frappe un grand coup avec ce cocktail d'émotions explosif, nimbé d'un halo fantasmagorique !

Malgré un scénario, cousu de fil blanc, reprenant à outrance les canons « bollywoodiens », Jusqu'à mon dernier souffle brille par son audace et sa fraîcheur. Certes, Yash Chopra est un diesel, mais il réussit à nous happer dans un imbroglio d'émotions. Une nouvelle fois, il explore les relations humaines par le biais d'une histoire d'amour intemporelle. A l'image de ses productions, passées entre nostalgie et innovation, il fait progresser le cinéma de ses carcans, fédérer les êtres de toutes confessions et ethnies et évoluer les consciences. En somme, on retrouve les préceptes incontournables de Yash Chopra. Il parvient  même à faire faire à Shah Rukh Khan ses premiers baisers au cinéma ! En vingt ans de carrière, c'est le grand saut ! Puis, Yash Chopra ose encore et toujours l'expérimentation.  Ici, il tente un sacré pari en doublant une séquence musicale. Il colle ainsi un duel de danse porté par un rythme afro-cubain avant de dégainer l'artillerie lourde, au bout de trois minutes trente, avec quoi ? Et bien une autre chanson ! Avec ce tour de force, il fait monter  en crescendo la température afin d'installer dans la foulée une scène cruciale : « celle d'un secret qui prend la bouche pour oreille ». Yash Chopra explose ainsi le record de climax avec des ressorts scénaristiques parfois annoncés et une sacrée leçon de mise en scène maîtrisée de bout en bout!

Ode romantique épique, parsemée de clins d'oeil à la carrière de Yash Chopra, Jusqu'à mon dernier souffle  s'affirme comme un vibrant testament. Le cinéaste y distille des messages forts de sens sur le libre arbitre ou encore les relations humaines. S'il s'adresse à la jeunesse, il interpelle aussi la nouvelle génération de cinéastes indiens et leur rappelle les bases d'un art animé par les émotions. Au final, si votre fessier risque de gagner moult escarres, vous aurez l'impression d'avoir subi une défibrillation revitalisante ! Une œuvre incontournable,  qui sous des atours simplistes, se révèle tout autre.

Résumé

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