Critique : Indiscrétions

Marion Justinien | 25 octobre 2012
Marion Justinien | 25 octobre 2012

La séquence d'ouverture est devenue culte. Référence aux classiques du muet, cette  scène de rupture amoureuse présente au spectateur  les deux principaux personnages, et leurs rapports et la guerre physique qu'ils se livrent. Violents et passionnés, leurs caractères et leurs défauts ne feront que prendre de l'ampleur au fur et à mesure de l'intrigue. Lui, Dexter (Cary Grant) incarne un bourgeois riche et fier. Elle, Tray (Katherine Hepburn) est magnifique, snob et arrogante.

L'histoire continue deux ans plus tard, les dialogues font leur apparition. Tracy, depuis divorcée de Dexter, est en passe de se remarier. Toujours amoureux, ce dernier engage deux journalistes afin de faire un article compromettant sur l'événement auquel tout la haute bourgeoisie de Philadelphie est conviée.

Car, Indiscrétions est une critique de cette société riche et privilégiée, où le débauche de luxe est exagérée et moquée, tant dans les décors que dans les comportements agaçants de certains personnages.

Derrière l'humour, deux institutions de l'époque sont tournées en dérision : l'élite mondaine et la presse à scandales, qui se nourrissent l'uns de l'autre pour subsister.. Katherine Hepburn trouve ici un rôle de composition, en reine adulée et gâtée, qui ne demande, en réalité, qu'à être aimée.

 Face à elle, deux légendes réunies pour la seule fois de leur carrière. Stewart symbolise l'homme « normal », étranger dans cette bulle mondaine. Eblouissant de sincérité, cet écrivain frustré se moque d'abord, puis succombe au charme d'Hepburn. Grant, en ex mari transi, patiente dans son coin. Jamais bien loin de sa belle, il créé le quipropo de toute pièce et manie les personnages comme des marionnettes.

La suite n'est qu'une enfilochade de quipropo, où le comique de situation, de gestes et de dialogues est roi en son palais. Le réalisateur, George Cukor (My fair lady, Le milliardaire) livre ici la première comédie sophistiquée,  ou « screwball comedy » classée genre hollywoodien et dont l'œuvre, ici, fait figure de référence. 

Construit sur la formule qui a, depuis, fait ses preuves, « ils ne savent pas que nous savons qu'ils savent », chacun joue un rôle à dix mille lieux de leur vrai visage, révélant des ambitions gâchées et des regrets par milliers. Rapidement, les masques tombent.

Si la fin est heureuse, elle en dit long sur les rapports sociaux et amoureux d'une classe privilégiée : bien à l'abri de tout souci financier, l'élite, elle aussi, révèle un visage humain et drôle, fait de tromperies et de faux-semblants.

Résumé

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