Critique : Would you have sex with an Arab ?

Maryne Baillon | 12 septembre 2012
Maryne Baillon | 12 septembre 2012

En plein cœur de la nuit, de rencontres en rencontres, des bars de Tel-Aviv aux ruelles de Jérusalem. Yolande Zauberman est venue prendre par surprise, embarrasser, troubler la population israélienne en posant cette simple question à tous ceux qu'elle a croisés sur son chemin : «Would you have sex with an arab ?» aux autres : « Would you have sex with an Israeli Jew ?». Beaucoup n'avaient jamais osé y penser. Certains ont répondu avec humour, d'autres avec pudeur, mais cela a fini par soulever également chez eux de véritables interrogations. Une jeune fille, juive, confie se sentir hypocrite aujourd'hui, car il y a cinquante ans "les juifs étaient interdits dans les boîtes de nuit, maintenant c'est eux qui le sont". Une jeune musulmane prétend qu'elle ne couchera jamais avec un juif car elle les hait. Puis au cours de la conversation elle avoue ne s'être jamais intéressée à eux. «Je suis contre la guerre, mais du côté de mon peuple. Je ne le trahirai jamais." Un homme au volant de son scooter adresse au loin un doigt d'honneur en guise de « non » à la question posée, puis a ensuite discuté pendant des heures avec la réalisatrice loin des caméras.

Le documentaire donne peut-être l'impression de se cantonner à l'anecdote, cette mise en scène archi minimaliste, plans serrés et cadrages saccadés réalisés avec un petit appareil numérique Leica peut parfois irriter, mais  Would you have sex with an arab puise son intérêt ailleurs. Dans des témoignages spontanés émouvants, parfois drôles et finalement rarement tranchés, il éclaire sur le cœur des gens. Les langues se délient pour parler de désirs assumés, de dégoût, de peur, chacun s'est prêté au jeu à sa manière et apporte des points de vue pertinents. L'objectif de Zauberman était d'aborder le conflit israëlo-palestinien sans parler de politique, mais en évoquant l'amour à travers le langage de l'intimité dans un contexte où les rencontres, le partage sont propices à la passion : la nuit. Bien loin de la simple accumulation d'anecdotes, le tout forme, au final, un état des lieux plus d'une fois troublant sur une situation (à jamais ?) complexe.

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