Critique : Comme un homme

Sandy Gillet | 15 août 2012
Sandy Gillet | 15 août 2012

Safy Nebbou fait parti de ces réalisateurs français s'inscrivant dans une norme qui ne le distingue pas franchement de la masse et Comme un homme, son cinquième long, ne va pas changer la donne. Adapté d'un roman de Boileau-Narcejac peu emblématique de leur bibliographie dont l'action a été ramenée à l'époque actuelle (en lieu et place des années 70), le film s'ouvre pourtant sur une envoutante et très réussie séquence sans dialogues. On y voit deux ados ayant apparemment commis un enlèvement suivre un parcours tentaculaire entre routes, chemins de campagne, canaux marécageux... pour enfin atteindre une cabane perdue au milieu d'un bois, le tout de nuit et sous une pluie d'abord battante pour ensuite laisser la place à une nature qui s'ébroue.

Malheureusement la suite n'est absolument pas à l'avenant. Entre une réalisation insipide et un jeu d'acteurs formaté, peu aidés il est vrai par un récit dont on a du mal à saisir les enjeux, Comme un homme se noie dans les préjugés du genre qu'il veut illustrer. Pourtant Saffy Nebbou s'est déjà frotté au thriller teinté de polar avec L'empreinte de l'ange, certes avec un bonheur relatif mais qui faisait montre d'un certain savoir faire empirique que l'on ne décèle plus ici. Point de crescendo par exemple mais une histoire façon yoyo dont le schéma se dilue dans les incessants allers-retours entre la cabane et le quotidien de lycéens en manque de repères. Et nous d'avoir pitié de ces personnages n'arrêtant pas de se cogner contre les bords du cadre à la recherche d'une réplique ou d'une action qui fassent sens. On pense ainsi au duo Charles et Émile Berling, père et fils devant et derrière l'écran, qui peine à donner de la profondeur à ce qui pouvait sembler comme une évidence sur le papier. Un comble que le finale en forme de boite à baffes qui se perdent finit par mettre en exergue confinant au malaise.

Pourtant cette histoire de kidnapping d'un prof aurait pu avoir des résonances modernes compte tenu du climat de plus en plus délétère qui gangrène nos écoles. L'occasion de donner par exemple la parole à une jeunesse en rupture de ban sans pour autant en faire un film manifeste. Las, Nebbou effleure à peine le cœur de son sujet (les relations père-fils / le passage à l'âge adulte...) et s'abîme dans des convictions de cinéma qui sentent abominablement la naphtaline.

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