Critique : Voie rapide

Vouloir rendre captivant un drame sur fond de tuning était un pari risqué, surtout lorsque ce terme jouit encore d'une connotation négative et charrie nombre de préjugés. Mais Christophe Sahr n'est pas un novice sur le sujet. Déjà loin des clichés, le cinéaste avait réalisé Contact, un court métrage qu'il voulait dédié à l'univers du tunning afin d'acquérir une connaissance plus approfondie sur ce milieu et donner naissance à Voie Rapide, son premier long. Inspiré d'un fait divers (un automobiliste s'est suicidé un an après avoir accidentellement tué un homme sur la route), la bonne surprise est que le film s'avère bien plus profond qu'il pouvait le laisser paraître. Cette passion démesurée pour les bolides customisés intervient d'avantage comme révélateur des failles psychologiques du personnage principal que comme un élément moteur de l'intrigue.

On suit donc la quête vers l'âge adulte d'Alex, 25 ans, plus préoccupé par sa voiture jaune fluo que par sa copine et sa petite fille. Mais l'accident traumatique une fois survenue, enclenche une remise en question complète d'un jeune homme resté dans un état d'adolescence prolongée. Au fur et à mesure, on apprend son histoire personnelle, son rejet parental ainsi que sa jeunesse chahutée.

Au final, le film propose une histoire intéressante et étonnamment mature, mais ne parvient pas toujours à rendre crédible certains rebondissements de son intrigue. Dès lors que s'établit son passage à l'âge adulte, des scènes parfois bien alambiquées dont on peine à saisir la nécessité viennent creuser le rythme pourtant jusque-ici très dense. Malgré l'excellente justesse dont fait preuve le duo Johan Libéreau, Christa Théret, la fin s'éternise et l'ennui devient inévitable. On sent que Christophe Sahr tenait à sa happy end, auquel cas quinze minutes en moins n'aurait pas été du luxe et aurait servi une fin non seulement plus logique, mais également plus poignante.