Critique : La Garçonnière
Comédie cynique proche du mélodrame, La Garçonnière est une vision lucide de la
société américaine et de ses travers. Chaque séquence offre l'occasion à Billy
Wilder de s'amuser à mélanger avec virtuosité les angles d'attaque d'un
scénario d'une précision stupéfiante. En résulte une oeuvre qui réussit à être à la fois
une satire féroce du monde du travail (la vie professionnelle dans la compagnie d'assurance), une
comédie vaudevillesque (Baxter et ses voisins), et une belle romance (l'ydille entre Baxter et Fran).
Tout l'art de Wilder réside dans cette évocation des mauvais rouages de la
société. A commencer par une vision du sexe sans concession vu comme un passe temps ou comme un
moyen indirect de gravir les échelons. A l'époque où le Code Hays sévissait encore, la malice de l'auteur de Certains l'aiment chaud, aura été de glisser tout ceci sous la forme d'un divertissement à la
bonne humeur communicative.
Filmé dans un superbe scope noir et blanc qui élargit parfaitement le cadre
restreint de l'appartement de Baxter, le film offre à Jack Lemmon et Shirley
MacLaine deux rôles en or. A tel point qu'ils parviennent, avec leur humanité, à créer l'un des couples les plus mémorables qu'Hollywood nous ait jamais offerts. On ne le dira jamais assez : Billy Wilder était un pur génie. Chaque plan de La
garçonnière est là pour le rappeler.
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