Critique : Une éducation norvégienne

Melissa Blanco | 6 juin 2012
Melissa Blanco | 6 juin 2012
Adapté du roman autobiographique « Theory and Practice » de Nikolaj Frobenius (également scénariste du film), Une éducation norvégienne suit les tribulations de Nikolaj donc, un adolescent plutôt tranquille bientôt traumatisé par la mort accidentelle de sa mère. Il trouvera alors refuge dans la musique de Sex Pistols et le mouvement punk. De quoi ravir son père au grand dam du garçon.

Si la crise adolescente se caractérise, entre autres, par une remise en cause des valeurs de nos parents, difficile pour le jeune Nikolaj de s'affranchir et de s'affirmer face à un père comme le sien, aussi ouvert d'esprit. Qu'il manifeste son mécontentement envers les adultes ou se perce lui-même l'oreille à l'aide d'une épingle à nourrice, papa approuve quoi qu'il arrive, allant même jusqu'à prendre sa défense face à l'institution scolaire. Et plus le père acclame, plus le fils tente de nouvelles expériences, dans l'espoir un jour de pouvoir enfin claquer la porte de sa chambre comme tout le monde. Comment grandir et se construire si l'on a pas l'occasion de se révolter contre quelque chose, de se confronter à l'autorité ?

De cette idée plutôt passionnante, Jens Lien ne tire pourtant pas grand chose. Et Une éducation norvégienne alors de ballotter entre la chronique adolescente et la comédie grivoise sans jamais vraiment trouver sa place. Moins réussi mais dans la lignée de La Merditude des choses, Jens Lien pose ainsi un regard bienveillant sur ces souvenirs adolescents, des premiers baisers, concerts endiablés et autres découvertes de drogues en tout genre. Sauf que n'est pas Shane Meadows qui veut et le film de prendre moins des airs de This is England que d'un énième Amélie Poulain, utilisant une teinte forcément jaunie pour raconter une histoire passéiste. C'est qu'il manque de folie dans cette Éducation norvégienne, celle qui aurait décrit avec fureur cette ferveur de la jeunesse, cette envie d'en découdre avec la société. Il n'en est rien dans cette oeuvre lisse et sans réelle saveur si ce n'est un sentiment d'amertume face à la fantaisie dont fait soudain preuve le réalisateur à la fin de son film, malheureusement bien trop tard.

Plutôt pénible, Une éducation norvégienne déçoit par son incapacité à prendre à bras le corps un sujet pourtant séduisant pour ne livrer qu'une comédie mineure, un brin fatiguante. Reste l'apparition soudaine de Johnny Rotten et l'indémodable musique des Sex Pistols. God save the Queen... of Norway !

Résumé

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.

Lecteurs

(0.0)

Votre note ?

commentaires
Aucun commentaire.
votre commentaire