Critique : Je sens le beat qui monte en moi

Laure Beaudonnet | 5 juin 2012
Laure Beaudonnet | 5 juin 2012

Etre possédé par la musique est un sacré handicap. Et Rosalba, guide touristique de la ville de Poitiers, en fait quotidiennement les frais. A peine un son sort-il d'un instrument que son corps endiablé se met à frétiller. Comment avouer ce mal à autrui et comment éviter d'être confronté à la musique pendant ses heures de travail ? Pour ce court-métrage, Yann Le Quellec emploie Rosalba Torres Guerrero, une chorégraphe à la ville, qui jouit d'une expression corporelle surprenante. Dès la première scène, où elle enfile ses escarpins, son corps se démembre en rythme, prenant peu à peu la forme d'une libellule. Une danse fantasque qui pose d'emblée les fondations d'un film aux traits surréalistes. Face à elle, le très charmant Serge Bozon dans le rôle d'Alain, un conducteur de bus touristique pour la même agence de voyage, passionné par le vintage. Sous le charme de Rosalba, il surmonte sa timidité pour l'inviter à dîner. Et la jeune femme devra ruser pour dissimuler sa faille.

Sans ses deux interprètes solides, le court-métrage d'une trentaine de minutes aurait certainement montré moins d'assurance car il a le défaut de sa posture. A trop chercher la différence, il a tendance à pâtir de ses parasites de mise en scène. Mais Je sens le beat qui monte en moi fait oublier cette faiblesse grâce à sa danseuse de choix, à l'effluve comique naturelle. Outre son corps, elle dévoile une inquiétante étrangeté dans la veine d'une Anjelica Huston. Portée par une musique enivrante, son enveloppe charnelle embarrassante amuse. Yann Le Quellec a clairement un style à développer, mais il doit - à tout prix - éviter l'écueil du discours faussement intellectuel et artificiellement exigeant.

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