Critique : L'Ivresse de l'argent

Stéphane Argentin | 27 mai 2012
Stéphane Argentin | 27 mai 2012

Après Housemaid, en compétition officielle à Cannes en 2010, Im Sang-Soo est de retour sur la croisette deux ans plus tard (et toujours en compétition officielle) avec L'Ivresse de l'argent. Quoi de plus normal après tout pour cette suite dont l'action se déroule quelques années plus tard et dont la filiation sera évoquée au cours d'un bref dialogue qui, soit dit en passant, révèle le final de Housemaid. Attention aux spoilers donc pour ceux qui n'auraient pas encore découvert la première partie de ce qui devient désormais un véritable Dallas coréen.

Ce côté soap qui cumule les clichés est totalement assumé comme en atteste le running gag du grand-père en fauteuil roulant accroché à sa bonbonne d'oxygène qui débarque à chaque fois que la situation est à deux doigts de virer au grotesque. Comme si Im Sang-Soo, totalement conscient des « énaurmités » de son film, savait quand et comment prendre le recul nécessaire pour que les interactions entre les différents protagonistes s'emboitent à la perfection. Un talent que l'on trouvait déjà dans l'opus précédent. C'est ainsi que, très rapidement, la question n'est plus tant de savoir qui pourra s'extirper la tête haute et les mains propres de cette ivresse d'argent, de pouvoir et de sexe, triumvirat indissociable dans les hautes sphères sociales. Cette connivence est de surcroit très bien soulignée par la mise en scène, encore plus affutée que dans Housemaid, qui surligne une direction artistique très froide où la seule couleur présente à l'écran, exception faite du blanc et du noir, est le rouge, celui du sang et du vin.

Et si, à l'arrivée, cette ivresse là se révèle un peu moins jouissive, aussi bien pour les protagonistes que pour le spectateur, que celle de Housemaid, celui-ci aurait tort de bouder son plaisir devant cette nouvelle raillerie fort plaisante de la haute bourgeoisie coréenne signée Im Sang-Soo.

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