Critique : La Playa D.C.

Simon Riaux | 24 mai 2012
Simon Riaux | 24 mai 2012
Le drame initiatique en favelas, qui ferait passer les premiers films de Ken Loach pour des comédies grivoises, est en passe de devenir un genre à part entière. Une nouvelle qui ne devrait pas être pour nous déplaire, tant l'Amérique du sud s'est déjà montrée féconde de cinéastes importants. Il semble hélas que sous couvert de radicalité et de récits sans concession, ces films supposés coup de poings se parent de plus en plus de tropismes et de réflexes aisément reconnaissables, qui vident petit à petit la démarche de leurs auteurs de sens, et in fine d'impact. C'est ce que l'on ne pourra s'empêcher de ressentir à la vue de La Playa, qui ne se démarque jamais de ses petits camarades.

Alors que vient seulement d'arriver sur les écrans Miss Bala (présenté il y a un an dans la sélection Cannoise Un Certain Regard, comme le Garcia), on ne peut manquer de relever de troublantes ressemblances entre ces deux œuvres. Usage similaire des focales, montage maîtrisé mais suivant une logique identique, et surtout, l'emploi systématique de plan à la troisième personne, où l'on suit un personnage présenté de dos, caméra à l'épaule. Le dispositif produit son petit effet d'enfermement et de montée de la tension, mais utilisé avec une telle insistance qu'il tourne au toc de mise en scène. Sans compter que cet effet a été utilisé massivement ces derniers mois, principalement dans des œuvres sud américaines (Dias de gracia), mais pas que, l'édition 2012 de la Croisette contenant elle aussi son lot de films “de dos“ (Djeca, pour ne citer que le plus évident).

Le scénario n'étant pas beaucoup plus inventif, on a bien du mal à se passionner pour le drame qui se dessine inexorablement, malgré toute la bonne volonté du jeune Tomas, bien décidé à sortir son cadet de l'enfer de la drogue. Enfin, si votre intérêt n'a pas été dilué par ces dispositifs rebattus, les ellipses chaotiques qui parsèment la narration devraient vous achever, tant elles coupent régulièrement le début d'élan entamé par le récit.

En somme, on aura bien du mal à recommander La Playa, sauf bien évidemment si vous comptez vous lancer dans un petit voyage ad hoc du côté de Bogota, auquel cas vous saurez au moins dans quel coin trouver un bon coiffeur.

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