Critique : Les Vieux chats

Melissa Blanco | 25 avril 2012
Melissa Blanco | 25 avril 2012

Les vieux chats du titre, ce sont ceux d'Isidora et Enrique, un couple d'octogénaires paisiblement installés à Santiago du Chili. Enrique à la hanche douloureuse, Isidora la mémoire qui flanche. Perchés au dessus de la ville, ces deux là regardent le temps passé, comme cloîtrés dans un appartement-musée jonché de bibelots en tout genre. On étouffe d'ailleurs bien vite dans ces quelques mètres carrés surchargés... et l'ascenseur qui fait des siennes ! Pas de chance, c'est aussi le jour qu'a choisi la fille d'Isidora pour une visite de courtoisie très relative, bien décidée à profiter avant l'heure de son héritage. Impossible pour ces petits vieux d'y échapper, coincés dans leur prison dorée.


Dans la lignée de son précédent film La Nana, croustillant portrait d'une famille bourgeoise chilienne du point de vue de la bonne, Sebastian Silva, et son compère Pedro Peirano, retrouvent l'actrice Catalina Saavedra et filment les relations conflictuelles d'une famille en crise. Le temps d'un après-midi, entre quatre murs, les mots sont durs et les vérités fusent entre la fille mal aimée et cocaïnée, sa compagne rebaptisée Hugo et la mère sénile, déterrant progressivement des années de non-dits. Par des dialogues corrosifs et un humour noir, Les vieux chats tente de s'inscrire dans cette lignée de films sur la famille dont Festen est le porte-étandard. Sebastian Silva poursuit ainsi, dans le sillon de La Nana, son exploration des ambiguïtés qui fourmillent au sein d'une cellule familiale, entre amour et haine. D'ailleurs, pour échapper à sa fille, Isidora elle est prête à tout, même à descendre douloureusement - pour elle comme pour nous - les marches interminables de l'escalier de son immeuble...

Loin d'être un film aimable, Les vieux chats distille doucement une atmosphère de gêne par une série de situations un peu forcées. En tirant toujours un peu plus le trait de ses personnages, le duo de cinéastes pousse alors progressivement leur huis clos pourtant rutilant vers la caricature. Dès lors, le film peine à se renouveler et à se démarquer et s'enferme dans une routine un brin lascive. Et c'est lorsqu'il quitte enfin l'appartement pour mieux se recentrer sur Isidora que celui-ci prend un nouvel élan et insuffle une émotion jusqu'alors absente. Car malgré les disputes sans fin et les conflits générationnel, et si tout cela ne cachait pas aussi un peu d'amour ?

Si Les vieux chats, peinture d'une famille au bord de la crise de nerfs et regard attendrissant sur la vieillesse, traine souvent la patte, c'est aussi pour mieux nous cueillir quand on ne s'y attend plus. Mieux vaut tard que jamais.

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