Critique : Le Fils de l'autre

Simon Riaux | 2 avril 2012
Simon Riaux | 2 avril 2012
Terreau fertile des œuvres engagées, aux grilles de lectures partisanes ou partielles, le conflit israelo-palestinien n'est que rarement envisagé comme un pur matériau romanesque. Le cinéphage voit son intérêt naturellement aiguillé par cette démarche souvent bien plus propice à la réflexion et in fine au dévoilement que le tract politique filmé. Il y avait donc de quoi être curieux du Fils de l'Autre, nouveau film de Lorraine Lévy, étonnante relecture de La Vie est un long fleuve tranquille, sur fond d'Intifada.

C'est probablement la raison qui attira un prestigieux casting, où se découvrent, s'affrontent puis s'apprivoisent Emmanuelle Devos, Pascal Elbé, Areen Omari, Jules Sitruk ou encore Bruno Podalydès. C'est d'ailleurs bien là le bon point du film, à savoir nous confronter à une galerie de personnages solidement interprétés par une troupe de comédiens dont la foi dans ce projet est plus qu'évidente. On retiendra tout particulièrement la prestation de Sitruk, dont l'évidente volonté de bien faire est souvent plus touchante que le film lui-même.

Hélas, une somme de bonnes intentions ne fait pas à elle seule un bon film, et ne remplacera jamais ni le savoir-faire, ni une construction dramatique cohérente. C'est l'amer constat que ne manquera pas de faire le spectateur devant l'enfilade continue de clichés, et la cascade de bons sentiments déversés à l'écran. À cette dommageable simplification des enjeux s'ajoute une mise en scène dont la volonté de sobriété finit par devenir risible, et achève de sclérosé un récit dont les enjeux étaient pourtant passionnants.

Long au démarrage, mou au milieu et incommensurablement naïf dans sa conclusion, Le Fils de l'autre évite consciencieusement les écueils posés par son sujet, pour s'échouer sur un défi autrement plus fondamental, celui de nous proposer un véritable moment de cinéma. En l'état, bien que touché par la démarche et ceux qui la portent, on a le sentiment d'assister au déroulé d'un long et fade téléfilm.

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