Hunger Games : critique molle

La Rédaction | 5 janvier 2023 - MAJ : 06/01/2023 12:26
La Rédaction | 5 janvier 2023 - MAJ : 06/01/2023 12:26

Le premier Hunger Games de Gary Ross a été le début d'une grosse franchise, et un carton dans la vague young adult qui a vu naître Twilight, Le Labyrinthe et autres Divergente. Majeur dans la trajectoire de Jennifer Lawrence, le film adapté des livres de Susan Collins a pourtant mollement démarré avec un premier épisode faible.

BATTLE PAS ROYALE 

La saga Twilight ayant définitivement prouvé que le cerveau est le dernier organe à arriver à maturation chez l'être humain, il était parfaitement envisageable de gaver nos chères têtes blondes à coups de fresques indigentes et grotesques. Nul étonnement donc à voir un nouvel étendard de la littérature jeunesse adapté sur grand écran, bien décidé à profiter de la fin annoncée des bouffonneries vampirico-mormones.

On pouvait néanmoins espérer que le sujet de Hunger Games, bien que déjà vu, amène presque naturellement le film à des standards de qualité plus élevés. L'Amérique où évoluent les héros se situe ainsi entre Battle Royale et The Running Man, avec une émission de télévision annuelle où 24 jeunes citoyens sont tirés au sort pour s'entretuer en direct, sous les yeux des puissants ogres du Capitole. C'est donc un décor parfait de dystopie, gentiment politique. Hélas, malgré un semblant de maturité véhiculé par la violence du sujet, le film n'arrive jamais à dissimuler sa médiocrité.

 

photo, Stanley TucciUne victoire évidente

 

LAIDEUR GAME

On est d'abord amusé, puis rapidement agacé par la laideur de la chose, preuve que trois décors forestiers, un malheureux fond vert et quelques appartements futuristes suffisent à engloutir plusieurs dizaines de millions de dollars - la chose a coûté près de 80 millions tout de même. Décors dont Gary Ross ne fait strictement rien, trop occupé à secouer sa caméra dans tous les sens pour créer un semblant de dynamisme, quitte à sacrifier lisibilité et dramaturgie. À noter que Steven Soderbergh (ami de Gary Ross) a été réalisateur de seconde équipe sur quelques scènes, notamment sur les scènes de révolte du District 11.

Le message pas très finaud du roman, mais qui avait au moins le mérite d'exister, s'en retrouve totalement dilué, laissant vaguement entrevoir une critique de la téléréalité, laquelle est contredite par les agissements des héros, finalement bien contents que les sponsors et autres spectateurs se prennent d'affection pour eux.

On espérait au moins que les combats à mort entre les différents antagonistes créeraient quelques tensions, mais les conflits moraux inhérents au sujet sont systématiquement écartés. On le regrette d'autant plus que le film ne rechigne pas à mettre la mort en scène frontalement, et ce plusieurs fois. Le dispositif vient tristement prouver que ce qui gène Hollywood, ce n'est pas tant de voir des adolescents s'écharper à coups de machette, que de s'assurer que les gagnants soient bien les gentils. La larme est aussi facile que le manichéisme.

 

photo, Jennifer LawrenceAttention, du niais derrière toi

 

N'espérez pas que Katniss porte volontairement un coup, ou fasse autre chose que se défendre. Les autres concurrents sont cruels, belliqueux ou veules, tandis qu'elle incarne le seul ilot de pureté, forcée malgré elle à se battre. Une approche qui occasionnera quelques sommets de ridicule, dont un enterrement floral hors sujet, et une séquence de camouflage qui ferait passer John Rambo pour scout anémique. Jennifer Lawrence porte du mieux qu'elle peut l'aventure, notamment dans quelques moments d'émotions plus solides, mais Hunger Games n'a finalement pas grand-chose à offrir, et se présente comme un préambule très tiède.

Au final, on ressort de ces Hunger Games affamé, et cruellement en manque d'adrénaline. On craignait que cette nouvelle franchise, promise aux cimes du box-office, atteigne les tréfonds de bêtise balisés par une précédente bluette hémophile, mais son péché est peut-être encore plus grand. Le film de Gary Ross ennuie constamment, parfaitement imperméable à la fièvre de la jeunesse qu'il prétend décrire. On ne pensait pas le dire un jour, mais Running Man lui tient la dragée haute.

 

Affiche française

Résumé

Un début de franchise bien sage, lisse et mou, qui manque cruellement d'adrénaline et d'émotion. Autant revoir Running Man à ce compte.

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Lecteurs

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commentaires
Pilost
11/01/2023 à 08:32

Bon, étant un grand fan de la saga, je me sens un peu obligé de la défendre.

Déjà l'œuvre littéraire de Suzanne Collins n'a pas été un Best-seller pour rien. Son objectif était de parler de la guerre notamment à un public assez jeune, afin de les éduquer sur ses causes et conséquences.

Je suis pas fan de ceux qui résume cette saga à des ados qui s'entretuent dans une arène. Il y a des passages dans les districts et au Capitole qui sont vraiment très chouette. C'est d'ailleurs ceux que je préfère revoir quand je reregarde la saga. J'ai vu quelqu'un dans les commentaires qui critiquaient une rébellion tardive. Mais c'est justement le propose du film. Les districts n'ont aucuns contacts entre eux et ne pèsent pas lourd face à la puissance de feu du capitole. Pour éviter d'être massacré, ils "acceptent" de jouer le jeu du capitole au coût d'une vie bancale et de 2 adolescents par an.
Et quoi de mieux pour éviter que les districts se lient et ne deviennent trop puissants ? Bha les faire s'affronter pardi. Ils se voient pas du même oeil après ça. Le président Snow l'explique lui même, il pourrait prendre 24 ados et les tués en peloton d'exécution. Si il organise les jeux c'est pour l'espoir. Car c'est la seule chose qui est plus forte que la peur. Mais elle peut devenir dangereuse si elle n'est pas contrôlée. La preuve en est quand Katniss devient un symbole de la Rébellion et arrive à unifier les districts. Le dernier bouquin sur la jeunesse du président Snow qui se verra adapté à la fin de l'année parle notamment de la gestion de ses districts et du rapport de puissance entre le Capitole et ces derniers et c'est passionnant.

Et puis j'ai l'impression que dans les critiques, on parle de certains aspects d'un film que quand ça nous arrange et on les omet le reste du temps.

Côté casting :
-Jennifer Lawrence (oscarisé à 22 ans, rien que ça)
-Woody Harrelson
-Donald Sutherland et son talent incroyable
-Phillip Seymour Hoffman
-Stanley Tucci
-Mahershala Ali
Ok c'est des petits rôles pour certains mais c'est pour citer des personnes dont le talent n'est plus à prouver et leur présence sur le projet n'est pas anodine. C'est peut-être que il y avait énormément de potentiel et à mes yeux ils ont transformé l'essai.

Côté musiques les bandes-sons de James Newton Howard sont somptueuses. Change my mind.

Donc j'aimerais bien que cette saga ne soit pas catalogué dans le film pour ados débiles. Elle aura réussi à mes yeux (même si c'est pas parfait bien sûr) son adaptation au grand écran, là ou le Labyrinthe et Divergente (qui sont souvent mis dans le même panier car les bouquins étaient prometteurs et avaient des similitudes) se sont cassés les dents.

Certes c'est subjectif, mais je trouve que la critique que vous faites du premier Hunger Games, c'est un rapide aperçu du sujet et c'est pas ce que j'ai l'habitude de voir et ce pour quoi j'apprécie Écran Large plus que les autres critiques.
Je me sers juste de l'espace commentaire pour redorer un peu son blazon. Et parfois c'est bien d'aimer des films "débiles pour ados" bien que celui là n'en soit pas un à mes yeux.

Rastan 999
06/01/2023 à 19:20

Pour faire une trilogie (et même une quadrilogie), il faut que le 1 soit bon. Et je le trouve bon ce 1. Katniss, Rue, sont bien joués, le présentateur de TV est bien dans sa rôle mielleux, le premier vainqueur du 13, alocolo au bon cœur est bien casté et la réalisation met 300 fois plus de pathos que l’ensemble des suites réunis. C’est ce qui m’a marqué dans ce film, les sentiments, les émotions, l’horreur des jeux. C’est bien exprimé alors que dans les suites, tout cela est quasi-absent.

Flo
29/03/2022 à 11:04

Une réussite car il s’agit en plus d’un vrai film, pas juste un épisode introductif qui attendrait d’avoir ses suites pour être pertinent. Non là, tout est clair et net sans avoir à être sur-écrit, et beaucoup en se contentant de montrer petit à petit quel genre de dystopie il s’agit – le retour partiel aux jeux du cirque antiques, pour contrôler toutes velléités de rébellion et maintenir de cette façon le statu-quo inégalitaire.
Et la mise en scène de Gary Ross est un superbe atout, suggérant là où il faut (la super technologie futuriste y est rare et brève, les comédiens en disent beaucoup sans avoir à en rajouter). Et créant du style quand on ne s’y attend pas, de façon plutôt belle ou nuancée (la première scène de massacre filmée sans son), arrivant à gérer une esthétique sobre mais parsemée de petites outrances visuelles (les looks un peu XVIIIeme siècle des privilégiés).

Les deux premiers tiers restent toutefois les meilleurs tant est si terriblement intéressante la description du fonctionnement de ces jeux, notamment ce qu’est une construction médiatique pour gagner des points (de vie). Plus encore que l’épreuve elle-même, qui tient moins sur la longueur au niveau des péripéties très « jeux vidéos » (c’est cela dit assumé)… où les instants en creux, calmes, y sont aussi les plus forts.
L’Appréhension du massacre à venir a plus de puissance que son exécution même.

Accessoirement, une jolie métaphore de la carrière de Jennifer Lawrence, jeune fille un peu rude, venue de nulle part et propulsée Femme de tête et Vedette très tôt, tout en essayant de rester elle-même et ne pas jouer le jeu des puissants.
Impressionnant !

Morcar
25/03/2022 à 09:58

Je l'ai revu avec mes enfants il y a un mois ou deux sur Prime Vidéo. Personnellement je trouve le premier pas mal. C'est à partir du second que ça se gâte.

NAC
07/05/2021 à 08:30

C’était vraiment nul à ch... mais je me souviens avoir perdu la raison quand le mec qui se déguise en cailloux retrouve l’héroïne en attendant qu’elle lui marche dessus (écrire cette phrase me provoque encore un fou rire).



«  Mais, comment avez-vous fait ça ? »

« Je peins »

Arnaud (Le vrai)
06/05/2021 à 21:56

- "Habitants des districts, vous vous etes rebellés contre le gouvernement !!!"
- "ouais ouais c'est vrai, enfin on avait des raisons quand meme et..."
- "On va s'assurer que vous ne vous rebelliez plus !!!"
- "ah ... euh ok"
- "On va faire ce qu'il faut pour ca !!!!!"
- "ah bon ? Genre nous filer du pognon, de la bouffe, de l'acces a vos technologies, des trucs pour qu'on ne vivent plus comme des merdeux dans la bouse, qu'on ait plus vraiment de raisons de se rebeller ?"
- "Nan, faut pas deconner oh !!! On va faire mieux que ca"
- "c'est a dire ?"
- "On va buter vos gosses tous les ans !!!!!!"
- "... euh ..."
- "ouais on sait c'est genial"
- "... non c'est completement con ... du coup ben ... revolte hein"

Quelle serie de films de merde quand meme ... et bordel je me les suis tous tapé, comme Twilight ...
Y a des moments je pense que je suis maso ...

Matrix R
06/05/2021 à 20:19

Critique molle. Mouais, elle est vraiment molle, du vomi

Ethan
09/09/2020 à 20:05

Ce film est vraiment très bien. Maintenant personne en parle mais cette histoire s'inspire de l'épisode "Un monde de jeux mortels" de la saison 3 de Sliders : les mondes parallèles!

baballe
08/09/2020 à 23:05

Quand on parle de running man on parle plutôt du livre que du film, bien que j'aime bien le film c'est juste un film d'action rempli de punchline rien a voir avec que le brulot politique proche du 'prix du danger".

Pat Rick
08/09/2020 à 11:01

@ D. Starsky "Running Man.... mouais...."

Peut-être que Running man a visuellement pris un coup de vieux mais je le trouve quand même 100 fois plus sympa à mater que n'importe quel volet de Hunger Games.

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