Critique : Les Chants de Mandrin
"Notre intention est de créer une nouvelle fois un espace séparé, une utopie poétique où l'art déploie sa pleine puissance de figuration et de pensée." Et le défi est relevé par Rabah Ameur-Zaïmeche car Les Chants de Mandrin est une œuvre formelle dont la puissance esthétique fait honneur au sens. Les cadres sont étudiés de manière quasi-géométrique. Certaines contre-plongées fascinent, celles de l'escalade des contrebandiers sur le fort en particulier. La structure de l'image est précise, efficace. Les plans dévoilent des reliefs trop rares au cinéma. On est dans le travail d'orfèvre qui privilégie la contruction. L'œuvre s'approprie le geste plastique en mettant les jeux de lumière au centre de son attention, irradiant l'espace. Les contre-jours à cheval sont spectaculaires. On palpe l'expérience du beau, celle qu'on ne discute pas. Cet instant d'intimité avec l'œuvre, au-delà du discours argumenté qui annihilerait toute profondeur.
Trêve d'analyse. Les Chants de Mandrin a tout d'une œuvre qui passera inaperçue. Plus conceptuelle que narrative, elle pâtit de son hermétisme. La compréhension du public est diluée dans cet emboîtement d'instants de vie. Soit il se fait porter par l'expérience. Soit il reste indifférent à l'envoûtement. Triste sort pour une tentative excellente qui joue à merveille de la somnolence de son public.
Lecteurs
(0.0)