Les Adoptés : Critique

Au pays où un jour ne se passe pas sans qu'un acteur décide de passer à la réalisation, on n'est finalement pas très étonné de voir la boulimique Mélanie Laurent tenter l'expérience. Circonspect sur la démarche comme avec tant d'autres avant elle, il ne faut pourtant ici que quelques poignées de secondes pour se rendre compte que la demoiselle n'est pas là pour assouvir une quelconque lubie. Entre une voix off (la sienne) qui personnalise immédiatement l'expérience et un plan séquence d'une belle élégance, Mélanie Laurent marque d'entrée son territoire. Il y a du cinéma dans la tête de cette femme et Les Adoptés, troublant drame amoureux aux petites voix intimes, de le prouver souvent brillamment.

Réussissant à passer de la romance réaliste et sensuelle - le jeu de séduction entre Marie Denarnaud et Denis Menochet sonne si juste - au drame pudique, la jeune cinéaste laisse libre court à une sensibilité exacerbée qui lui colle joliment à la peau. Que ce soit les moments amoureux (le couple précité), amicaux (Audrey Lamy en copine libraire enfin utilisée dans un registre plus large que le simple ressort comique) et familiaux (les rapports mère-fils avec le jeune enfant et mère-fille avec Clémentine Célarié), l'éventail des situations intimes s'avère riche et Mélanie Laurent de les embrasser en les accompagnant toujours de vrais parti-pris  de mise en scène.