Critique : Beur sur la ville

Tonton BDM | 12 octobre 2011
Tonton BDM | 12 octobre 2011

Beur sur la ville est une nouvelle preuve que faire rire est une affaire sérieuse, et que la comédie est une mécanique de précision qui s'enraye au moindre faux pas. Car malgré une pêche et une bonne humeur indéniables, le nouveau film de Djamel Bensalah ne provoquera malheureusement pas la franche hilarité attendue, mais seulement quelques sourires et des éclats de rire se comptant sur les doigts d'une main. Essayons donc rapidement d'analyser ce qui cloche...

Le problème ne vient aucunement des acteurs, qui portent leurs personnages avec conviction : du phénomène Booder à Gérard Jugnot en passant par Sandrine Kiberlain (vraiment très belle en brune), tout le monde y met du cœur et de l'énergie. Idem pour les nombreux caméos qui viennent leur prêter main forte : Jean-Claude Van Damme, Ramzy Bédia, François-Xavier Demaison, Valérie Lemercier ou encore l'impayable Pierre Ménès semblent vraiment s'amuser à faire les cons, et parviennent occasionnellement à nous faire marrer. Niveau scénario, si l'on excepte quelques gags empruntés à d'autres films, Beur sur la ville s'avère également relativement bien écrit : le film s'inscrit dans une certaine tradition de comédies policières françaises, allant des Vécés étaient fermés de l'intérieur au Téléphone sonne toujours deux fois en passant par La cité de la peur, et l'intrigue se tient relativement bien. Les clins d'yeux sont parfois franchement amusants (un portrait de Pinot simple flic dans l'appartement de Gérard Jugnot, des tacles en bonne et due forme à Dieudonné ou au cinéma de Luc Besson...), et les gags sont nombreux... Comment se fait-il alors que leur efficacité soit autant en dents de scie ?

A vrai dire, le vrai souci du film vient probablement du fait que Djamel Bensalah ait du mal à choisir un « ton » pour son film, qui oscille entre tous les genres sans jamais se fixer. On passe donc sans transition du gros délire non-sensique proche des ZAZ (ça commence dés le début, avec les trois héros qui chantent et font des commentaires sur les logos Paramount et Studio 37) à la satire à tendance socio-politique (les flics obligés de faire du recel pour obtenir les crédits destinés à rénover leur poste de police). De fait, l'humour con / bas de plafond (très proche du Raid du même réalisateur) côtoie les punchlines les plus écrites qui soient (« C'est dur de tuer un homme... Surtout quand on a de l'arthrite ») ou encore les vannes communautaristes. Bref, contrairement au joyeux bordel qui faisait d'Halal police d'état un OFNI si attachant il y a quelques mois, Beur sur la ville peine un peu à se trouver un « liant » qui permettrait au spectateur de se bidonner de A à Z, et au final, on ne rit que très peu. Ce qui est bien dommage pour une comédie...

 

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