Critique : Wilde Salomé
Autant le dire tout de suite, les amateurs de Wilde, les familiers de son oeuvre et de son existence n'apprendront absolument rien dans Wilde Salome. Si Pacino et ses intervenants font oeuvre de pédagogie, ils ne font qu'esquisser des perspectives sur lesquelles ils ne s'attardent jamais, vulgarisent plus qu'ils n'éclairent le propos de l'écrivain. À ce titre, certains protagonistes surprennent, tels Bono, venu là comme un cheveux sur la soupe, aussi lénifiant que lors de ses tentatives mélodiques pour préserver la paix dans le monde. Enfin on reste dubitatif sur le dispositif en lui-même qui enchevêtre une reconstitution « désertique » fort laide, la pièce originelle (passionnante mais tronquée) et les répétitions de ce qui fut montré au public sous la forme d'une lecture, dont la mise en scène est nécessairement rigide.
Reste la joie de retrouver Pacino, qui s'il n'a plus la verve d'hier, demeure habité d'une passion pour son art qui illumine chaque plan. Son interprétation très spéciale (d'aucuns diront spécieuse) de Érode fait sens au fur et à mesure du film, et nous donne à voir au plus près ce fascinant processus de création enfoui au sein de chaque acteur. Jessica Chastain est une Salomé à nulle autre pareille, d'une sensualité incandescente, dont la danse consentie au Tetrarque ferait perdre son latin à Sarah Bernhardt.
La réussite est donc loin d'égaler nos attentes, alors que s'achève le dernier plan sur un Pacino perdu dans le désert, image forte au sens double qui nous fait regretter que l'acteur n'ait pas consacré une plus grande partie (voire la totalité ?) de son film à la pièce elle-même. Espérons que ce projet aura redonné à cet immense artiste la force de revenir nous surprendre, devant ou derrière la caméra.
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