Critique : 18 jours

Laure Beaudonnet | 18 août 2011
Laure Beaudonnet | 18 août 2011

18 jours, c'est le temps qu'il a fallu aux insurgés égyptiens pour renverser le régime et pousser le président Hosni Moubarak à la démission le 11 février 2011. Un événement aussi emblématique sur le plan national qu'international, témoin d'un tournant décisif de l'histoire de ce pays. 18 jours - le film, ce sont dix réalisateurs qui s'associent pour offrir une diversité de points de vue à cette révolution. Une fiction ancrée dans la réalité historique dont la valeur est aussi bien artistique que sociale. Le film repose sur dix volets qui dévoilent tour à tour un destin singulier happé par le soulèvement.

18 jours se présente sous la forme d'une succession de courtes histoires indépendantes qui forment une entité solidaire. Un grand-père accompagné de son petit fils coincés dans le couvre feu, un coiffeur qui s'improvise médecin, une femme grisée par les manifestations, une relation amoureuse naissante. Chaque parcours individuel joue son rôle dans la grande histoire et constitue une pièce du puzzle. Une révolution, comme tout marqueur historique, ne va pas sans son lot de violences, de tortures et d'exactions en tous genres. Le film délivre un regard impartial sur les événements et dépeint les différentes réactions devant le chaos : s'y frotter au risque d'y laisser la vie ou sombrer dans une profonde apathie.

Par son aspect formel, le film rappelle Grand-peur et misère du troisième Reich de Bertolt Brecht dans son traitement de la dictature hitlérienne. Ce dernier décrit chaque strate de la société en émancipant son récit de tout jugement manichéen. De même, 18 jours tourne autour de l'événement pour mieux en saisir la complexité. Chaque personnage offre un éclairage inédit de la situation, dévoilant peu à peu les zones d'ombre. Ainsi, le public se fait lui-même son avis sur la question, sautant d'une vie à l'autre, d'un destin à l'autre, comme un voleur entrerait par les fenêtres des habitants. N'est-ce pas grâce à des histoires singulières qu'on appréhende le mieux un phénomène social ? Mieux qu'un reportage, 18 jours utilise la fiction pour donner vie à l'un des épisodes les plus passionnants de l'histoire du XXIe siècle.

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