Critique : Neds
L'heure de la violence gratuite et arbitraire a malheureusement sonné. La brutalité n'a plus de limites et Peter Mullan la traite avec un réalisme estomaquant. La guerre des gangs telle qu'elle est dépeinte donne l'image d'une meute de chiens enragés, dominés par leurs pulsions primaires. Comme déshumanisés, ces garçons ont égaré les notions de règles et d'ordre établi, laissant leur désir de vengeance prendre le pas sur les conséquences. Tous les coups sont permis, surtout s'ils sont fatals. Devant ce barbarisme généralisé, on s'interroge sur le concept de choix. John pouvait-il vraiment éviter les gangs et s'assoir sur la réputation de son frère ? Sa vulnérabilité initiale rend sa trajectoire d'autant plus tragique qu'elle amorce un glissement progressif vers une folie meurtrière, proche d'un suicide social et physique. Même dans la déviance, John se marginalise car sa haine est différente de celle des autres. Elle se nourrie de celle de son père, un tortionnaire alcoolique.
Loin de se cantonner à la simple description de la guerre clanique, Neds est un drame social qui étudie la genèse de la bestialité humaine. Le film joue sur l'angoisse permanente qu'on franchisse l'étape supérieure de la déviance. Un dessin terrifiant au tracé juste et efficace. Si la violence du film peut s'avérer parfois excessive, les questions qu'elle éveille ont une portée parfaitement contemporaine. Qui doit-on rendre responsable ? Une société gangrénée par le chaos ou un modèle familial destructeur ?
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