Critique : All good children

Laure Beaudonnet | 2 août 2011
Laure Beaudonnet | 2 août 2011
Le film est précédé d'un court-métrage de la réalisatrice: The most beautiful man in the world. On décèle d'emblée un goût pour le travail de l'image et l'importance de la mise en valeur de l'environnement naturel par la lumière. Le regard de l'enfant fait le lien entre les deux œuvres, un regard dont on peut palper les prémices d'un comportement adulte, un goût pour la chair sur le point de percer le halo de candeur. Quelques minutes installent une ambiance silencieuse que l'on retrouvera dans All good children où la nature est aussi quasi omniprésente. Deux frères irlandais, Dara et Eoin sont recueillis dans le nord de la France par leur tante. Ils font la rencontre de Bella, une jeune anglaise presque trop belle pour n'être qu'une enfant, qui joue de son charme pour faire naître la rivalité entre les deux prépubères.

Alicia Duffy construit une esthétique qui rappelle celle de la « nouvelle nouvelle vague allemande » où figurent notamment Christoph Hochhaüsler (Le bois lacté, Sous toi la ville) et Maren Ade (Everyone Else). Une manière de construire un propos par touches de sensation, loin du verbal, avec une prééminence du son et de la lumière pour développer un film physique. Les intentions des personnages sont esquissées, mais jamais expliquées. Le doute plane sur le sens des actions. On suit cette histoire comme en suspension où peu à peu une folie vient se nicher dans le coin de la tête de Dara. Les adultes n'ont pas le monopole de la passion amoureuse et Alicia Duffy analyse avec intelligence le comportement des enfants. Loin de l'idée de pureté, elle frôle leurs travers, leur part obscure.

All good children repose sur le personnage de Dara, dépassé par ses pulsions et terrifié par ses sentiments. Le film est latent. Certainement une raison d'y voir un hermétisme car il fait partie de ces oeuvres dont le sous-texte n'est pas pertuellement explicité, qui laissent une place à sa propre analyse des choses. On construit un puzzle selon ses modèles de représentation et on y met l'éthique ou l'amoralité que l'on souhaite. Un moment en apesanteur où on se frotte à la prise de conscience de l'irrémédiable.

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