Critique : All good children
Alicia Duffy construit une esthétique qui rappelle celle de la « nouvelle nouvelle vague allemande » où figurent notamment Christoph Hochhaüsler (Le bois lacté, Sous toi la ville) et Maren Ade (Everyone Else). Une manière de construire un propos par touches de sensation, loin du verbal, avec une prééminence du son et de la lumière pour développer un film physique. Les intentions des personnages sont esquissées, mais jamais expliquées. Le doute plane sur le sens des actions. On suit cette histoire comme en suspension où peu à peu une folie vient se nicher dans le coin de la tête de Dara. Les adultes n'ont pas le monopole de la passion amoureuse et Alicia Duffy analyse avec intelligence le comportement des enfants. Loin de l'idée de pureté, elle frôle leurs travers, leur part obscure.
All good children repose sur le personnage de Dara, dépassé par ses pulsions et terrifié par ses sentiments. Le film est latent. Certainement une raison d'y voir un hermétisme car il fait partie de ces oeuvres dont le sous-texte n'est pas pertuellement explicité, qui laissent une place à sa propre analyse des choses. On construit un puzzle selon ses modèles de représentation et on y met l'éthique ou l'amoralité que l'on souhaite. Un moment en apesanteur où on se frotte à la prise de conscience de l'irrémédiable.
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