Attack the block : critique de la street

Patrick Antona | 7 juin 2017 - MAJ : 11/06/2018 16:50
Patrick Antona | 7 juin 2017 - MAJ : 11/06/2018 16:50

Précédant de quelques semaines la sortie de Super 8, ce revival du film de bande tel qu'on le concevait dans les années 80 se démarque du film de J.J. Abrams par un parti-pris plus humoristique et satirique, lorgnant vers le constat social iconoclaste. Ici ce n'est pas l'imagerie spielbergienne qui est appelée en renfort mais plus des cinéastes comme John Carpenter et Walter Hill, voire Matthieu Kassovitz pour un portrait sans fard de la Banlieue.

 

THE WARRIORS FROM THE BLOCK

En mettant en opposition deux groupes qui sont considérés comme des dangers, d'un côté la bande de petites frappes terrorisant le « block », de l'autre les créatures extra-terrestres à l'appétit aussi glouton que des gremlins survoltés, Joe Cornish joue assez habilement sur les peurs qui agitent notre monde urbain moderne. À savoir la crainte de la délinquance juvénile incontrôlée d'un côté et de l'intrusion « étrangère » (alien) de l'autre, prétexte à un jeu de massacre assez jouissif où les idées préconçues et l'autorité seront bien mises à mal.

Plutôt énergique dans ses scènes d'actions, même si la redite est souvent de mise, avec ses couloirs et ascenseurs, hésitant un peu sur le gore mais pas sur la cruauté du sort de certains protagonistes, le réalisateur anglais use avec habileté et justesse de l'ambiance nocturne de cette banlieue londonienne, dégageant une forme de poésie urbaine qui n'est pas sans rappeler Les Guerriers de la nuit (The Warriors) et New York 1997. La photographie a de beaux moments

 

La photographie a des beaux moments

VOUS AVEZ DIT FILM SOCIAL DE SF ?

Moins extrémiste que Harry Brown qui prenait quasiment le même cadre, Cornish opte pour une vision plus optimiste sur la réconciliation des classes avec cette union des sauvageons et des prolétaires contre un ennemi commun qui ne fait aucune distinction. Par le biais de cette aventure fantastique d'une nuit qui ne résoudra pas tous les problèmes de la cité, c'est la découverte de la vulnérabilité de l'autre qui se fera, avec le couple Sam (Jodie Whittaker)/ Moïse (John Boyega), représentant de milieux qui se côtoyaient alors sans se rencontrer véritablement, sauf dans la violence.

 

Bon, un peu décevant l'alien

 

Louable dans sa volonté de faire réaliste avec un matériau qui aurait pu aboutir sur une parodie de film de SF des années 50, Attack the Block manque juste un peu d'originalité quant au look de ses créatures qui, d'intriguant au début, font vite penser aux Critters des années 80. De plus, le film ne réussit que partiellement à susciter l'empathie envers ses simples humains qui se démènent dans ce piège mortel, sauf pour Sam et Moïse. Mais il est la nouvelle preuve de la renaissance d'un cinéma de genre britannique en pleine boum, après les réussites de Shaun of the Dead et Heartless, plus sur une veine satirique du premier mais n'oubliant pas d'être en prise sur les problèmes d'un monde et ses phénomènes déviants, invasion extra-terrestre mise à part.  

 

Résumé

Derrière les atours de la comédie hommage aux films de SF, Attack The Block cache en réalité une satire bien plus pointue qu'il n'y paraît. Si le film ne manque pas trop de cran et reste un bon moment à passer, il pêche un peu dans sa direction générale.

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Lecteurs

(3.7)

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commentaires
Pierre
08/06/2018 à 08:23

Génial !

mark
08/06/2018 à 08:22

super

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