Critique : Le Mauvais chemin

Nicolas Thys | 16 juillet 2011
Nicolas Thys | 16 juillet 2011
La Viaccia c'est le nom d'une ferme familiale. Ferme qui appartient à une famille italienne dont le patriarche vient de décéder et dont les enfants se disputent la succession. C'est aussi l'un des acteurs majeurs du film, que l'on ne voit pourtant que très peu. Mais tout tourne autour de ce lieu maudit où se font et se défont des liens et des traditions. Où une société se meurt, repliée sur elle-même.


Bolognini s'est toujours tenu en marge du cinéma italien qu'on connait le mieux. Loin de la comédie des années 50-60, il n'a jamais vraiment adhéré non plus au néoréalisme, lui préférant des films sentimentaux à ses débuts. Après une période où il travaille en proche collaboration avec Pasolini, son scénariste, il choisit d'adapter des oeuvres littéraires tout en conservant une approche du monde très sombre et que le poète italien aura marqué de son empreinte.


Plus proche en cela d'un cinéma comme en faisait aussi Zurlini à la même époque, La Viaccia porte les stigmates de ces différents modèles qu'il va ingérer sans pour autant s'y abandonner. Il propose autre chose. La description d'une société en mutation, la peinture d'une petite bourgeoisie et d'un milieu paysan confrontés l'un à l'autre et où leur seul lien d'unité se brise, le portrait d'individus plus sombres et hostiles au monde les uns que les autres. Et dans cette horreur humaine où tous les coups sont permis, l'innocence d'un homme apporte une lueur d'espoir mais, malgré sa lutte personnelle contre cet univers qu'il ne comprend pas et qui ne veut pas de lui, il sera lui aussi mis à mal.


L'amour que le film entend porter à travers le personnage interprété par Jean-Paul Belmondo, n'est rien d'autre qu'un leurre. Destiné à d'autres ou à des histoires qui n'ont rien à voir avec le réel brutal et sec que montre Bolognini à chaque plan, il ne porte plus rien, ne rime à rien et est voué à l'échec. Et cet échec de l'amour à grandir l'homme et la femme, aussi petits, insignifiants et misérables soient-ils, c'est la mise en avant de l'impossibilité de l'homme de sortir de son milieu, de ses pensées monstrueuses mais ancrées en lui depuis des générations. Bourgeois, paysans, anarchistes, unis dans l'incompréhension. La lutte est impossible. Aux blessures répondront toujours d'autres blessures...

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