Critique : Medianeras

Laure Beaudonnet | 30 mai 2011
Laure Beaudonnet | 30 mai 2011

Quelle influence une ville a-t-elle sur sa population ? Une question inattendue que pose Medianeras. Il part du postulat que l'architecture urbaine détermine le comportement de ses habitants. Et si, comme à Buenos Aires, rien ne s'accorde avec rien, on peut parier sur le piteux état psychologique de sa population : une pagaille. C'est ainsi que l'on rencontre Martin, un « geek » parfaitement névrosé, qui a passé deux ans enfermé chez lui à créer des sites Internet, après une rupture douloureuse. Agoraphobe et hypocondriaque, il trimballe la plupart des tares psychologiques, mais demeure suffisamment lucide pour que son personnage reste drôle. A quelques pas de chez lui, la sublime Mariana vient de mettre fin à une relation amoureuse de quatre ans. En attendant de s'installer comme architecte, elle décore les vitrines des magasins et collectionne les déboires affectifs. Vont-ils finir ensemble ? La question est accessoire.

Comme toute comédie romantique qui se respecte : on sait d'emblée qu'ils sont faits pour être ensemble. L'effet de surprise ne se joue pas à ce niveau. Toute la question réside dans la manière dont ils vont finir par tomber amoureux, passant leur vie à se croiser sans jamais se rencontrer. Le film repose ainsi sur deux métaphores filées. La première, déjà mentionnée, une ville est à l'image de sa population. Elle permet de parler de la détresse urbaine par des moyens détournés. Les problèmes de société sont abordés intelligemment, sans jamais glisser sur la pente du lugubre. La seconde utilise une astuce culturelle bien pensée : rencontrer l'amour revient à jouer à « Où est Charlie » (Donde està Wally, en espagnol). Pas révolutionnaire, mais plutôt bien trouvé pour pointer la difficulté de mettre la main sur son âme sœur dans la foule luxuriante. Parvient-on toujours à rencontrer son Charlie ? C'est d'ailleurs avec l'album « Charlie dans la ville » que Mariana s'arrache les cheveux tout le long de l'histoire.

Medianeras utilise des astuces de comédies romantiques estampillées « indépendantes » : un ton grinçant, des personnages borderline, l'intervention du dessin animé au milieu de la narration. Malgré une impression de déjà-vu devant un habillage gadget, le film demeure léger et drôle. Les personnages sont attachants et plutôt bien construits. On regrettera cependant de ne jamais avoir l'occasion d'observer grandir leur amour. L'une des fins majeures de la comédie romantique, pour tout adepte du genre. Medianeras a cette singularité de ne jamais nous montrer ses personnages s'embrasser. Un véritable tour de force pour un film d'amour.   

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