Critique : Hara-kiri : mort d'un Samouraï

Laurent Pécha | 18 mai 2011
Laurent Pécha | 18 mai 2011

Les festivals prestigieux se suivent et Miike est toujours là avec la même formule. Après avoir impressionné son monde à la Mostra en septembre 2010 avec son remake de 13 assassins  d'Eiichi Kudo, toujours inédit dans nos salles, le réalisateur japonais revient en compétition au festival de Cannes avec un nouveau remake d'un classique du film de sabre, Hara-Kiri du grand Masaki Kobayashi. Et si cette nouvelle incursion dans un univers classique auquel il nous avait peu habitué - c'est le moins que l'on puisse dire de l'auteur des Zebraman - n'est pas aussi définitive que celle vue à Venise, la copie cannoise a une sacrée gueule.

Premier film en 3D de l'histoire de la compétition, Hara-Kiri, tout comme son prédécesseur, s'évertue à être d'une rare fidélité au film original. Faisant œuvre de grande modestie, Miike n'a pas cherché à révolutionner le genre et se « contente » de filmer avec classe et sobriété une histoire émotionnellement forte. A partir de flash-back parfaitement utilisés, le cinéaste revient aux sources du genre et va s'évertuer à mettre en exergue les valeurs nobles liées à l'univers du samouraï, notamment tout ce qui renvoie au code de l'honneur et au sens du sacrifice. Soignant ses cadres, limitant les mouvements de caméra et s'appuyant quand il le faut sur une superbe partition de Ryuichi Sakamoto, Miike prend son temps pour évoquer cette histoire d'honneur bafoué qui va toucher tragiquement une famille de samouraï. Si comme dans 13 assassins, on guette l'affrontement inévitable, il est nettement moins au cœur du processus créatif (même si les 10 dernières minutes sauront faire plaisir aux amateurs de bons chambara) tant Miike est là avant tout pour narrer les relations intimes de la famille du patriarche Hanshiro (intense Ebizo Ichikawa). C'est dans son « ventre mou », celui où l'intrigue se dévoile délicatement, que Hara-Kiri émeut le plus et prend toute sa force, celle qui permet de mettre en scène des personnages terriblement humains et surtout incroyablement nobles. A ce titre, les derniers plans de cette partie du récit, sont autant une cinglante réussite esthétique que lourds de sens et d'émotions.

Malgré une 3D malheureusement bien trop anecdotique et qui assombrit comme presque toujours la magnifique photo du film, Miike continue à démontrer que le film de sabre lui sied à merveille. Il ne lui reste plus qu'à nous proposer la prochaine fois une œuvre totalement originale. L'avantage avec ce boulimique cinéaste, il est bien possible que cela soit d'actualité dans quelques années, voire moins.

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