Critique : Michael

Sandy Gillet | 15 mai 2011
Sandy Gillet | 15 mai 2011

Allez histoire de cataloguer d'entrée le réalisateur autrichien de Michael, disons qu'il est dans son pays un directeur de casting réputé. Il s'est par exemple occupé de choisir les enfants du film Le Ruban Blanc, Palme d'Or à Cannes en 2009, mais aussi de gérer pour l'international d'autres longs comme La pianiste ou Le Temps des loups. Est-il alors étonnant de voir en Markus Schleinzer une sorte de fils spirituel d'Haneke ? À la découverte de son premier film qu'il a aussi scénarisé, on est frappé par l'évidence de la réponse. Pour autant l'homme n'aimerait certainement pas qu'on le range dans des cases et certainement encore moins d'être catégorisée ainsi. Et il aurait raison.

Car s'il est certain que l'on ne peut s'empêcher de penser à Funny Games et Benny's video, ne serait-ce que pour le côté claustro, froid et clinique d'une mise en scène portée par un montage extrêmement rigoureux. Une caméra scalpel s'employant à décrire le quotidien d'un homme de 35 ans qui a cloitré un enfant de 10 ans au sous-sol de sa maison après l'avoir kidnappé. Si les résonances avec l'affaire Natascha Kampusch (de cette jeune fille restée 8 ans dans le sous-sol de la maison de son ravisseur) sont évidentes, la « comparaison » ne pollue pas le film ni le phagocyte de l'intérieur. On est bien en face d'une histoire « originale » décrite selon un rythme racé et assez unique. Mais là où Schleinzer coupe déjà le cordon avec le père est dans sa propension à laisser beaucoup de choses en hors champs. La caméra est beaucoup moins frontale que chez Haneke même si au détour d'un plan on peut être confronté de temps à autre à l'horreur crue de la situation.

On est fasciné en fait par cette histoire (avec le côté voyeur malsain et nauséeux qui va avec). Schleinzer arrivant à nous convier pleinement dans son cinéma et de nous hanter, un sale goût dans la bouche, jusque bien après le générique de fin. C'est peut-être pour cela qu'il a suscité la polémique lors de sa projection de presse cannoise. Les festivaliers critiques n'aimant pas qu'on les sorte de leur torpeur avinée bien compréhensible. Un film dégrisant qui participe à la « descente », forcément ça fait mal. Ou beaucoup de bien. Nous, en tout cas, on a déjà choisi notre camp.

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