Critique : Il était une fois un meurtre

Laure Beaudonnet | 21 avril 2011
Laure Beaudonnet | 21 avril 2011
L'ouverture pose le décor. Pia, une fillette âgée de 11 ans, se fait suivre par deux hommes. L'un d'eux la viole et l'assassine à l'aide d'une pierre au beau milieu d'un champ. Vingt trois ans plus tard, la scène se reproduit à l'identique : même lieu, même procédé. Le fait divers éveille les esprits et replonge la mère de Pia dans ce douloureux souvenir. Simple coïncidence ? Rien n'est moins sûr. Plus qu'un thriller, Il était une fois un meurtre est transgenre. Une sorte de film choral dramatique où chaque protagoniste est chargé d'une histoire, à fleur de peau. La psychologie des personnages passe au premier plan. La recherche de l'identité de l'assassin est presque accessoire. Ici, il est question de deuil, de culpabilité, de pulsions.

Baran Bo Odar traite de la perversion de manière intelligente et sensible. Débarrassé de toutes considérations morales sur le bien et le mal, il s'empare d'un sujet tabou : le passage à l'acte pédophilique. Où se situe la frontière du crime : au contact physique ? Au visionnage d'une vidéo pornographique où sont exposés des enfants ? Il ne porte pas de jugement, au contraire, il suit plusieurs destins. Il analyse la manière dont la perversion se nourrit même lorsqu'on essaie de la faire taire. Et c'est justement ce regard neutre porté sur le vice qui donne du relief au propos. Rarement du côté des victimes, on adopte le point de vue des bourreaux. On palpe leur fragilité devant leur nature profonde, leur sensibilité. Et parfois naît de l'empathie pour celui qui sent un monstre grandir en lui. Est-on nécessairement maître de ses démons ? Les questions sont ouvertes. Libre au spectateur de se faire son idée.

Certes, le film est parfois inégal. Il est cependant d'une telle subtilité qu'on en oublierait volontiers les quelques faiblesses narratives qu'on serait tentés de noter. Car, pour une fois, un véritable décryptage de l'Homme est entrepris, débarrassé du politiquement correct et du consensuel. Chaque personnage prend la forme d'un archétype qui dépeint une réalité sur les comportements. On est plongé dans les méandres de la perversion, si ce n'est de la folie. Assez étrangement, naît une sorte de fascination devant ce qui est considéré comme abject.   

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