Critique : Equinoxe

Par Simon Riaux
29 mars 2011
MAJ : 20 octobre 2018
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Métaphore : (rhétorique) figure qui consiste à modifier le sens d'un mot ou d'une situation en lui attribuant une signification par comparaison sous-entendue.

Ah, la métaphore… figure de style inépuisable, évidente lorsque l'on s'intéresse au cinéma, qu'elle ait bon dos ou qu'elle enrichisse véritablement un propos. Petit rappel pour ceux qui n'auraient pas bien écouté dans le fond de la salle, pour qu'une métaphore fonctionne, il faut premièrement que la situation sur laquelle elle se base soit clairement établie, et, deuxièmement, que le sens qu'elle entend lui conférer soit tout aussi accessible pour le spectateur. Deux éléments qui manquent cruellement au film de Laurent Carcélès.

Équinoxe s'intéresse à la mésaventure d'un couple, surpris par la marée pendant une promenade, et qui tente d'y échapper. On ne saura rien de leur histoire, de sa destination, de son origine. Les personnages ne sont en réalité même pas esquissés, nous lâchant ici et là un dialogue sibyllin, dont on suppose qu'il est plein de sens pour son auteur. L'arrivée de la mésaventure citée plus haut n'y changera rien, mais déclenchera chez ces touristes évanescents une sorte de crise conjugale mystico-intellectualisante, sans tenants, ni aboutissants. Impossible de ressentir une quelconque menace devant le spectacle navrant de ces deux marcheurs, avançant avec une lenteur effrayante, pris au fur et à mesure du film d'une logorrhée épuisante. Le film remplit parfaitement les charges du fameux film d'auteur français dans ce qu'il a de plus pompeux, prétentieux et abscons.

Pourtant, tout n'est pas à jeter dans cet exercice de style ampoulé. Aurélien Recoing et Caterina Murino font clairement de leur mieux. Par instants, lorsqu'ils ne parlent pas, on ressent une sincère complicité liant ces deux êtres, ce qui tient du tour de force. Dommage aussi que la lenteur de l'ensemble et son ton péremptoire parasitent un travail de photographie et de mise en scène souvent réussis. Le son parvient, malgré l'unicité du décor, à créer des espaces, à nous intriguer, parfois presque à nous charmer. Quelle tristesse que ces éléments ne soient jamais aux services d'une véritable histoire ou tout simplement de personnages construits.

Laurent Carcélès vient du téléfilm, et il a cherché, comme l'indique le dossier de presse, à rompre avec le rendement industriel d'un audiovisuel sans chair, ni âme. En s'affranchissant des codes usuels et narratifs de cet univers, il livre une oeuvre opposée à ce type de production, mais néanmoins parfaitement symétrique. Équinoxe est tout aussi prétentieux, creux, et faussement élitiste que la plupart des téléfilms sont populistes, racoleurs et vilement flatteurs.

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