Critique : Le Marquis

Simon Riaux | 8 mars 2011
Simon Riaux | 8 mars 2011
La carrière de Dominique Farrugia réalisateur, sans être une catastrophe, avait de quoi laisser nostalgique de l'âge d'or des nuls. Alors forcément, quand cet homme qui nous a gentiment fait rire avec L'Amour c'est mieux à deux cite Tony Scott et Soderbergh dans le dossier de presse du Marquis, on est partagé entre amusement et curiosité.

Hélas, la curiosité laisse vite place à l'ennui, et l'amusement à la consternation. Franck Dubosc est curieusement en sous-régime, à tel point qu'on en viendrait à regretter qu'il ne joue pas la partition qu'il rabâche depuis dix ans, et qu'au moins il maîtrise. Il est d'une mollesse regrettable, comme s'il ne croyait jamais dans le déroulé du scénario, qui défile sous ses yeux à son corps défendant. Richard Berry, qui a définitivement abandonné le projet de nous faire rire dans une comédie, ne lui est d'aucun secours. Dans un dialogue ahurissant de double sens involontaire, ce dernier va jusqu'à expliquer que son secret, c'est qu'il ne joue pas. Tirer la gueule sans chercher plus loin, ça passe. Ou pas.

Mais le véritable problème, c'est la mise en scène de Dominique Farrugia. Le Marquis se veut une comédie d'aventure comme notre pays a su si bien en produire, un buddy movie franchouillard digne d'un âge d'or révolu. Pourquoi pas, encore faudrait-il que le tempo du film s'énerve à un moment à un autre, pour faire de cette histoire autre chose qu'un film de potes partis faire un peu de défiscalisation à Manille. Par conséquent, les rares gags bien écrits du long-métrage tombent le plus souvent à plat, la faute à un rythme trop poussif.

Le plus étonnant, c'est ce qu'est venu faire Jean-Hugues Anglade dans cette galère. Il est la bonne surprise du film. En méchant, cruel et flegmatique, il est véritablement impressionnant, maîtrisant sa prestation avec une rigueur qu'on ne retrouve jamais chez ses camarades de jeu. On se surprend à chacune de ses apparitions à espérer qu'il dégomme le duo de crétins qui occupe l'écran. Le Marquis a au moins le mérite de rappeler à notre bon souvenir l'un des meilleurs acteurs de sa génération, injustement boudé par le grand écran.

Dominique Farrugia paraît avoir bien du mal à retrouver l'énergie et la folie teintée d'absurde qui fit hier sa réussite. Son Marquis ne démarre jamais vraiment, et à de rares fulgurances près, se traîne paresseusement jusqu'à sa conclusion. Il illustre parfaitement l'essoufflement d'une certaine comédie française, coincée entre vieux tropismes et facilités d'écriture.

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