Critique : Père Noël origines (Rare Exports)

Simon Riaux | 29 janvier 2011
Simon Riaux | 29 janvier 2011
Les idées les plus folles sont souvent les plus casse-gueules, et il n'est pas de frustration plus grande pour le spectateur que de voir un concept excitant souffrir d'un script paresseux. Nous serons donc gré à Jalmari Helander d'éviter avec brio les innombrables pièges de son script.

A quelques jours de la fin d'année, le petit Pietari découvre que le véritable Père Noël n'avait rien d'un affable vieillard, et pire encore, qu'il vient d'être libéré de la gangue de glace où l'avaient enseveli les hommes des siècles plus tôt. Dès la première séquence, où débute la surréaliste excavation, le film trouve un ton unique et imparable. Décalé sans être cynique, premier degré mais pas bas du front, on devine l'intérêt sincère du metteur en scène pour son histoire. Cet angle va lui permettre de faire cohabiter des sentiments variés, allant du rire franc à l'angoisse, avec une multitude de nuances inattendues.

Cette réussite tient aussi au formidable travail de direction artistique. Le Père Noël, à la fois prédateur cruel et vieillard pathétique, incarne à lui seul le succès de l'entreprise. Le traitement du personnage, entre icônisation et détournement, séduit par les multiples trouvailles qui témoignent de sa présence, avant sa véritable apparition (vous ne ramonerez plus votre cheminée de la même façon).

Quand on parvient à vous faire croire que les hommes d'un petit village sont véritablement terrorisés par un saint Nicolas boulotteur de têtes blondes, c'est qu'on a une solide foi dans ce qu'on raconte. Voilà qui rappelle l'époque bénie de Gremlins. La neige est loin d'être le seul point commun entre les deux oeuvres, on y retrouve cette même peur enfantine et délicieuse, où rire et effroi se mêlent, une angoisse aussi jouissive que tétanisante. Voilà qui permet à Rare exports d'empoigner le spectateur à bras le corps, et de lui offrir un dernier tiers littéralement épique, à coups de dynamite et autres raids aéroportés. Le second souffle apporté par cette rupture de ton permet au long-métrage d'effectuer un retournement thématique aussi inattendu que puissant. En confrontant une cellule familiale en souffrance à une menace barbare, le réalisateur amène ses personnages à se ressouder et nouer des liens dont la force nous cueille sans prévenir. Paradoxalement, Rare Exports accomplit le tour de force de se transformer en véritable conte après et grâce à son dynamitage en règle des symboles de la dite célébration. Et pour convertir un rédacteur d'Ecran Large à la magie béate de Noël, il faut se lever de bonne heure !

En bousculant l'imagerie traditionnelle des fêtes, le film compose un grand-huit qui ne trahit jamais son ambition et réussit l'exploit de nous rappeler que cette période, débarrassée de son sentimentalisme sucré, est souvent le dernier bastion des nos sentiments les plus forts.

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