Critique : I Wish I Knew, histoires de Shanghai

La Rédaction | 18 janvier 2011
La Rédaction | 18 janvier 2011
L'errance d'une jeune femme mystérieuse tout vêtue de blanc (celle que l'on peut observer sur l'affiche) sert de liant aux histoires des 18 personnes se remémorant leur vie à Shanghai. Documentaire ou œuvre d'art ? On ne saurait répondre, car I wish I knew est une véritable entreprise de recherche de formes esthétiques. Formellement, chaque plan a valeur de tableau. L'intervention de cette muse, déambulant dans la ville sans raison apparente, structure l'amas de témoignages aux allures d'association libre. Toutes ces histoires personnelles élèvent la mégalopole portuaire au niveau de patrimoine culturel.

Célébrités ou anonymes, chacun y va de son anecdote. Les bouleversements politiques des dernières décennies sont ramenées à l'échelle de l'individu. On découvre comment le communisme a jeté un vent de terreur sur sa population. Mais aussi, comment une histoire personnelle s'insère dans l'histoire culturelle du pays. L'un des intervenants raconte son expérience sur le tournage de La Chine de Michelangelo Antonioni, en tant que technicien, et la manière dont sa vie a failli basculer parce que le film - qu'il n'a d'ailleurs jamais eu l'occasion de voir - ne rend pas hommage à son pays. De vrais instants de complicité et de tendresse naissent des dix-huit interventions. Quelques fulgurances ponctuent I wish I knew qui peine pourtant à venir à bout de son sujet.

Plus le documentaire se déploie, plus les problèmes de rythme pèsent. A trop vouloir
esthétiser son film, il perd en efficacité. Les séquences d'égarement artistique prennent le pas sur les témoignages, berçant son public dans un état quasi léthargique. On soupçonne l'intention d'aérer la narration, mais ces moments de latence finissent par ennuyer, si ce n'est irriter. Contemplatif, oui. Bavard, aussi. On pourrait parler de coup de génie, car un film qui parvient à combiner les deux relève de l'exploit. Dix-huit témoignages mis bout à bout, c'est long. I wish I knew s'apparente malheureusement trop souvent à une logorrhée qu'on ne saurait arrêter.

Laure Beaudonnet

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