Critique : Le Fils à Jo

Louisa Amara | 11 janvier 2011
Louisa Amara | 11 janvier 2011

Sorti en avance le 29 décembre dans le Sud-Ouest, région de tournage du film, Le fils à Jo arrive sur nos écrans auréolé d'un bouche à oreilles déjà positif, qui confirme son grand prix au festival de Sarlat. En bons parisiens que nous sommes, pour la plupart, on peut être sceptique. La magie va-t-elle agir sur nous autres pauvres citadins ?

Oui, 3 fois oui ! Tout simplement parce qu'au-delà du rugby et de l'attachement à cette belle région du Sud-Ouest (phrase à dire avé l'accent), c'est surtout une histoire émouvante qui vous touche droit au cœur. Celle d'un fils écrasé par la tradition familiale, d'un père trop sûr de lui qui va devoir se remettre en question, et d'une amitié entre hommes virils au cœur tendre. Comme pourrait le dire Gilles Lellouche, c'est un film de « moustachus » qui ont su garder cette part de sensibilité qui les rend si attachants.

Le réalisateur, Philippe Guillard, ancien rugbyman et figure du service des sports de Canal +, collabore aux films d'Onteniente depuis 3 zéros.  On retrouve donc un sens de la comédie efficace, le bon mot, l'humour parfois un peu potache. Mais avec une valeur ajoutée déterminante : le second degré et la tendresse.  Ainsi quand Gérard Lanvin, bourru au possible, lâche un lapidaire «Au rugby, il faut 1) des couilles 2) des couilles 3) des couilles », il est contré par son coéquipier qu'interprète Olivier Marchal, relevant que ce genre de discours ne fait pas avancer le schmilblick. Mais ce langage fleuri reflète les paroles qu'on entend dans les vestiaires et sur le terrain. C'est aussi ce vécu qui donne tout son piment au film. On est sur les terres de l'ovalie et pour de bon ! 

L'amitié qui lie les héros nous rappelle la fine équipe d'Un éléphant ça trompe énormément. Mention spéciale à Vincent Moscato, qui livre une performance remarquable. Alors que son physique massif l'avait cantonné aux rôles d'armoire à glace, il prouve par un jeu tout en nuances qu'il est capable de nous étonner. C'est là toute la force de Philippe Guillard, qui a su tirer le meilleur de ses acteurs, créer la cohésion et rester simple dans ses ambitions.

On vibre avec les jeunes joueurs de l'équipe de Doumiac, lorsqu'ils s'entrainent et affrontent l'équipe du village d'en face. Mais surtout lorsque le père et le fils s'opposent et se retrouvent. Un joli film humain et généreux qui dépasse les barrières régionales. C'est beau comme une chanson de Nino Ferrer...

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