Le Discours d'un roi : Critique

Stéphane Argentin | 7 janvier 2011 - MAJ : 05/02/2020 16:22
Stéphane Argentin | 7 janvier 2011 - MAJ : 05/02/2020 16:22

Le film de Tom Hooper s'intéresse à un détail méconnu de l'histoire Britannique : la lutte menée par le futur George VI contre ses angoisses et son bégaiement pour embrasser son destin à la veille de la seconde guerre mondiale. Le risque était grand de livrer une oeuvre hermétique, rigide, froide et sans passion. Or, si Le Discours d'un roi figure aujourd'hui en bonne place dans la course aux Oscars et autre Golden globes, c'est justement parce qu'il évite habilement les obstacles qui se dressaient devant lui, pour prendre son sujet à bras le corps et le spectateur avec.

 

 

 

La mise en scène de Hooper, sobre et élégante, ne sombre jamais dans l'académisme de la reconstitution pour offrir au spectateur d'étonnants moments de poésie. Ainsi, les premières séquences, la tentative de discours ratée devant une foule médusée, l'arrivée embrumée d'Elizabeth chez Lionel Logue (Geoffrey Rush, lumineux d'élégance et de malice), le conte improvisé par le prince à ses enfants d'une voix chevrotante, sont d'une délicatesse rare. Colin Firth parvient à donner corps à un homme obligé de dépasser sa condition pour s'accomplir sans jamais forcer l'apitoiement du spectateur. Sa prestation se révèle d'une humanité et d'une finesse saisissantes. Il lui suffit d'un regard fébrile, d'un geste gauche pour faire voler en éclat nos réticences et nous convaincre que nous assistons à bien autre chose que les ennuis d'un prince un peu trop timide. Helena Bonham Carter n'est pas en reste, elle fait de la future reine Elizabeth une femme étonnante, forte et sensible, déployant une palette d'émotions que Harry Potter et Tim Burton nous avaient fait oublier.

 

 

 

A la fois pertinente reconstitution historique et bouleversant combat d'un homme, Le Discours d'un roi est aussi une réflexion sur le verbe. La lutte de George VI pour le conquérir prend forme lors de joutes verbales avec son thérapeute, toutes ciselées à la perfection, elles nous renvoient à notre propre condition, nos limites et nos tabous, l'importance de les briser pour progresser. Enfin, le film a ce mérite immense de nous ramener à une époque où les mots et les actes ne faisaient qu'un, de nous rappeler que l'histoire n'est jamais ni grande ni petite, mais l'affaire d'hommes et des luttes qu'ils mènent.

 

Résumé

D'une période vue et revue au cinéma, Le Discours d'un roi parvient à tirer un récit poignant, une leçon de courage et d'abnégation. Un film qui, comme son personnage principal, fait fi des attentes et des conventions pour s'accomplir royalement.

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