Critique : Bas-fonds

La Rédaction | 27 décembre 2010
La Rédaction | 27 décembre 2010
Bas fonds s'immisce dans le quotidien sordide de trois filles au mode de vie bestial où sexualité débridée se conjugue avec rapports semi-zoophilique. Le film se présente comme une allégorie du stade sadique anal. Non seulement on observe une sur-représentation des scènes aux toilettes, mais les rapports sado-masochistes sont au cœur de ce trio. Magalie, une monstruosité de la nature dont les beuglements incessants finissent par agacer, est la meneuse du troupeau. Sœur aînée de Marie-Steph, jeune fille un peu simplette, et petite-amie de Barbara, la pièce rapportée de la maison, Magalie use de son pouvoir d'intimidation pour faire régner son autorité.

La première partie du film se concentre sur les relations entre les trois filles, l'usage du pouvoir et de l'intimidation. Une esthétique naturaliste avec des images qui rappellent la crudité de certaines photos de Larry Clark, notamment le plan sur l'écran de télévision qui diffuse un film pornographique. Mais le jeu des actrices laisse parfois le spectateur de côté et la volonté d'apparenter les personnages à des bêtes complique l'identification. Cela dit, Bas fonds fonctionne en deux parties. A partir du meurtre accidentel du boulanger, les relations s'empirent et l'appartement se transforme peu à peu en bouge. Magalie, apathique, laisse Marie-Steph reprendre le pouvoir. La tyrannie tourne mal et Barbara décide d'y mettre un terme en se rendant à la police.

Isild le Besco donne un second souffle à son film. Le procès humanise les personnages et dévoile leurs fêlures. Le choix de l'utilisation de la voix-off pour suivre le jugement libère la mise en scène et crée un nouveau rythme. Alors qu'à l'origine les protagonistes étaient hermétiques, une intimité se déploie. Le film traite intelligemment d'un fait divers, donnant du relief à un genre humain que l'on croise sûrement plus souvent que ce que l'on croit. Les images et l'ambiance de Bas fonds continuent de résonner. N'est-ce pas le signe d'un film puissant ? Qu'on aime ou qu'on n'aime pas.

Laure Beaudonnet

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