Les Yeux de Julia : Critique
On ne change pas une équipe qui gagne: c'est ce qui vient à l'esprit avec cette nouvelle association Guillermo del Toro (producteur) / Belén Rueda (comédienne) après le succès de L'Orphelinat pour ce nouveau film d'horreur. Passant de l'épouvante gothique au thriller horrifique, Les Yeux de Julia mettent en scène une astronome, Julia (sublime Belén Rueda) souffrant d'une maladie oculaire dégénérative qui la condamne à la cécité à plus ou moins brève échéance, qui va se trouver à enquêter sur la mort de sa sœur jumelle. Renouant avec une tendance du cinéma de suspens avec une héroïne aveugle (Seule dans la nuit, Terreur Aveugle, Blink), le réalisateur Guillem Morales remplit le contrat de manière honorable, grandement aidée par le charisme de son interprète principale, et fournit une bonne dose de frissons avec quelques séquences gore qui nous rappellent les bons jours du giallo.
Dans sa première partie, le récit réussit à tenir en haleine, grâce à une mise en scène qui adopte le point de vue de Julia, en vivant avec elle sa lente descente dans l'obscurité tout en étant confronté aux menaces qui l'entoure (à savoir un tueur qui serait peut être invisible), La tension monte de manière subtile et les quelques séquences chocs sont menées avec conviction, de manière hitchcockienne serait-on tenté de dire. Et la reflexion sur la fragilité de l'existence ainsi que sur l'importance d'être vu pour exister socialement arrive à poindre à travers les éléments de pur suspens.
Mais le réalisateur fait une première erreur en révèlant trop tôt que le tueur serait bien réel et non pas un pur produit de l'imagination, levant toute ambiguïté qui aurait pu nourrir l'intrigue. Et lorsque dans la dernière partie qui voit se réduire et le monde de visuel de Julia et les personnages qui l'entourent, on a droit à une accélération des péripéties avec meurtres et révélations qui s'enchaînent, avec à la fois des hommages au cinéma de Dario Argento et de Hitchcock un poil trop marqués mais aussi au monde du mélo de Pedro Almodovar. Efficace mais un peu vain, alors que jusque là le métrage se tenait dans une forme élégante et classieuse, le réalisateur se refusant à l'utilisation de CGI à outrance pour illustrer la dégénérence de Julia pour donner la part belle à des cadrages et des angles de vue originaux.
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