Critique : Mardi, après Noël

Sandy Gillet | 8 décembre 2010
Sandy Gillet | 8 décembre 2010

Le cinéma roumain n'en finit plus de nous étonner et de nous ravir et ce depuis la Palme d'or en 2007 de 4 mois, 3 semaines et 2 jours réalisé à l'époque par un quasi inconnu nommé Cristian Mungiu. Il y a incontestablement un vent frais cinématographique qui nous vient de ce pays et ce Mardi, après noël prolonge cette sensation avec beaucoup d'à-propos et de talent. Radu Muntean, son réalisateur, est pour le moins méconnu du grand public. Pour autant il signe là son quatrième long dont les deux derniers sont passés par la case Festival de Cannes. Boogie a eu ainsi les honneurs de la Quinzaine en 2008 et celui-ci d'Un certain regard cette année. Ce qui frappe c'est que l'un comme l'autre traitent du même sujet, de la même thématique : l'adultère.

Un couple marié depuis dix ans. Le mari entretient une relation extraconjugale commencée il y a six mois avec la dentiste de sa fille. Jusque là tout est normal. La rencontre imprévue entre les deux femmes, sans que son épouse ne se doute de rien, va l'obliger à faire un choix. Sur le papier voilà quelque chose d'on ne peut plus rabâché et traité au cinéma. Et pourtant ici tant dans les intentions formelles que dans la démonstration, Radu Muntean innove et explose les barrières de ce qui pouvait ressembler à un carcan scénaristique. Dans la forme d'abord avec ces longs plans séquences (allant parfois jusqu'à 10 minutes) où la caméra posée sur son pied sans aucun mouvement laisse les corps et les dialogues s'ébattre et se mélanger devant elle dans un balancier perpétuel souvent enivrant à la limite de l'hypnose. De cette chorégraphie des sens Muntean obtient le propos naturaliste (au sens balzacien) recherché. C'est-à-dire être au plus près de ses personnages « fictifs » afin de nous faire ressentir dans notre chair leur trouble, leur dilemme, leur tragédie.

Une histoire banale mais à laquelle tout le monde peut s'identifier, une mise en scène qui s'amuse avec nos propres interrogations et incertitudes sur le sujet, un trio d'acteurs magnifique et charnel... Le résultat à l'écran est alors tout simplement beau, raffiné et sans équivoque tout en étant traumatisant car d'une rare violence psychologique. En quelque sorte, la vie dans sa nudité et réalité la plus crue...  

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