Critique : L'Envol

En haut des sommets enneigés, la liberté ne s'achète pas, elle se gagne à la suite d'un voyage initiatique dans les paysages enivrants et infinis de la Mongolie, un pays flamboyant saisi à travers l'objectif sensible d'un cinéaste de l'humain. L'envol est inévitable.

Pour une première fiction, l'essai est réussi pour le documentariste danois Rene Bo Hansen, qui a su insuffler à son récit fictif des qualités éthiques propres au genre documentaire : le respect et l'authenticité, ici mis au service d'un peuple contraint de composer entre traditions et modernité. Face au bec noir et au regard perçant de l'aigle majestueux, le jeune Bazarbaï est un peu effrayé. Doit-il devenir chasseur d'aigles comme son père, ou peut-il espérer fuir la yourte familiale et l'immensité des steppes, pour se perdre dans la modernité de la ville, que sa curiosité appelle ? Tiraillé entre le poids de la tradition et son envie d'évasion, Bazarbaï va faire l'expérience d'un voyage imprévu, où son meilleur allié ne sera pas celui à qui il s'attend... Coléreux envers l'aigle qui lui prend sa liberté et le contraint à marcher sur les traces de son père, l'enfant va se laisser apprivoiser par l'auguste oiseau qu'il a tant rejeté. Tout au long de son échappée vers la ville, Bazarbaï est guidé par celui qu'il tente de fuir, en vain. Etre mystique et majestueux, parfois insaisissable, l'aigle devient petit à petit une présence rassurante. Egaré mais surveillé par l'œil protecteur et bienveillant de l'oiseau de proie, Bazarbaï est face à une évidence et fait l'expérience de la remise en question. Il apprendra à aimer et retrouvera sa voie, celle qu'il avait préféré fuir. 

A travers de somptueux paysages saisissant l'immensité d'un pays trop méconnu et d'un peuple d'une grande richesse humaine, Rene Bo Hansen a su conserver son œil alerte d'auteur de documentaires, matière d'authenticité, pour nourrir son âme de "diseur" d'histoires. Une agréable alchimie, où L'envol se fait par un retour aux sources, un cheminement que chaque spectateur est invité à emprunter.