Critique : Ce n'est qu'un début

Fabien Hagege | 14 novembre 2010
Fabien Hagege | 14 novembre 2010

Comment ne pas tendre vers le cynisme en affirmant, après la séance de Ce n'est qu'un début, qu'il s'agit du parfait mix de deux succès documentaires de ces dernières années, soit Etre et avoir et Entre les murs ? Du premier il reprend le filmage d'une classe de maternelle et par là même tout un tas de petits moments à la fois émouvant, drôle et confondant de naturel où des petits marmots à la gueule d'ange débitent un nombre de questions naïves qui ne peuvent laisser insensible. Du film palmé de Laurent Cantet, il fait résonnance en multipliant les pistes de problèmes éducatifs et en sous-entendant un déterminisme social fort. Car Ce n'est qu'un début suit une classe de maternelle... de ZEP.

« Les enfants sont tous philosophes, seuls certains le demeurent ». C'est en entendant cette réflexion de Michel Onfray que la productrice Cilvy Aupin a décidé de se renseigner sur les expériences de philosophie en maternelle. Le résultat en est la réalisation durant deux années consécutives par les réalisateurs Jean-Pierre Pozzi et Pierre Barougier du cours si particulier de Pascaline et de sa classe. Alors philosophes nos enfants ? Oui et non. La question est détournée par une autre, celle de la communication. Ce n'est qu'un début ne traite en fait que peu de philo et abuse un tantinet du terme. Le but de cette classe est d'apprendre à communiquer, à écouter l'autre, à respecter son avis et à défendre le sien. Dans une société en perte de repères où la télévision est aussi importante que l'éducation (c'est une des conclusions du film) il vaut mieux revenir plus rapidement aux élémentaires.

Et c'est là toute l'ambivalence gênante de ce film et de son discours. Avec son désir gentiment sous-entendu qu'il y a autre chose que le « sarkozisme » en France. Que chacun a droit à sa chance et que l'école se doit de s'adapter aux nouvelles (et mauvaises) éducations parentales. On pensait redécouvrir nos questions existentielles et on se retrouve pris au piège dans le débat des politiques dans un film qui se repose finalement plus sur la naïveté des spectateurs que sur celle de ses protagonistes. Film engagé qui déboule avec une solution plutôt intéressante pour l'avenir, Ce n'est qu'un début a le mérite de soulever le débat... malgré ses étranges méthodes.

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