Critique : Il reste du jambon ?

Louisa Amara | 24 octobre 2010
Louisa Amara | 24 octobre 2010

Quatre ans après Mauvaise foi de Roschdy Zem sur les turpitudes d'un couple mixte, femme juive/homme musulman, Anne Depetrini nous propose un film très autobiographique inspiré de sa relation avec Ramzy. Un sujet assez rarement abordé alors que dans la vie quotidienne d'un couple dit « mixte » les situations comiques sont légion.  On se réjouit donc de découvrir une comédie avec Ramzy dans son premier grand rôle sans Eric Judor, accompagné d'une pléthore de seconds rôles triés sur le volet.

Le film commence bien en posant les bases d'une comédie romantique à la française, où les vannes fusent, les personnages se construisent. La rencontre des héros est à la hauteur, les dialogues sonnent justes. Certaines exagérations peuvent paraitre incohérentes mais l'ensemble reste fluide. L'intervention du trio de Kaïra Shopping, excellente, nous apporte les éléments comiques et réalistes indispensables à la scène de « visite de la banlieue ». Les situations traversées par le couple, le racisme quotidien, les règles basiques du ramadan a expliquer à l'être aimé etc, tout est  drôle et cohérent.

Le virage vers la mauvaise direction est pris lors de la présentation respective aux parents . C'est pourtant la scène clé du film attendue par beaucoup de spectateurs touchés personnellement par cette situation.  Autant la scène chez les parents bourges  « gauche caviar » de Justine est ratée mais reste à la limite crédible, autant celle chez les parents de Djalil est totalement à refaire. Que les parents utilisent l'arabe entre eux pour dire des choses sans se faire comprendre, soit, mais qu'ils acceptent aussi vite leur future belle-fille, c'est  du Walt Disney ! Les ressorts de la comédie impliquent souvent qu'on exagère les traits, mais l'humour doit se baser sur un minimum de vérité pour fonctionner.

On imagine pourtant bien les dialogues savoureux que Biyouna et Fellag auraient pu échanger, la crise de nerfs familiale dantesque qu'ils auraient interprété brillamment. La grandiloquence dont les familles arabes et juives savent faire preuve pour faire culpabiliser leur progéniture est tellement authentique, qu'il est inadmissible de ne pas l'avoir utilisée.

Et au contraire lorsque les dissensions apparaissent dans le couple, Anne Depetrini sort l'artillerie lourde, quitte à faire du grand n'importe quoi, comme la robe en jambon que porte Justine (Anne Marivin) pour agacer Djalil (Ramzy).  On sent bien que la réalisatrice a voulu symboliser par cet accessoire la barrière matérielle qui sépare le couple et crée des tensions. Mais que c'est maladroit ! Mettons cela sur le compte de l'inexpérience.  Reste une belle prestation de tout le casting, qui fera oublier par un vrai dynamisme les petites maladresses de cette comédie malgré tout attachante.

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