Critique : Donnant, donnant

Le hasard des projections de presse nous joue parfois de drôles de tours. Comme celui de pouvoir enchaîner coup sur coup avec le meilleur film de l'année (The Social Network) et le pire : Donnant, donnant. L'écart est alors vertigineux et la « claque » prise difficilement oubliable. Evacuons toute de suite l'argument classique du « mais tu n'es pas la cible visée ». Depuis quand le cinéma se la joue Guillaume Tell ? Certes, le cinéma d'Isabelle Mergault ne me parle effectivement pas des masses, mais la promesse de voir des comédiens que j'apprécie depuis des années dans une comédie dans « l'air du temps », suffit à me désigner comme chroniqueur attitré du film (c'est bizarre, y avait plus de monde de la rédac au Fincher).

« Si j'aurai su, j'aurai pas venu » disait le petit Gibus. Mon dieu qu'il aurait eu raison tant Donnant, donnant est ce que l'on peut trouver de pire sur un écran de cinéma à l'heure actuelle. Il serait temps qu'en France, on comprenne que cinéaste est un métier à part entière et que ce n'est pas parce que l'on a des choses à dire qu'il faut prendre une caméra pour les faire passer. Mergault est de toute évidence une personne fort sympathique mais « sympa, c'est pas un métier » pour reprendre les dires d'un vrai réalisateur

Mettant en images - enfin éclairant et cadrant ses acteurs façon reportage France 3 Limousin - une histoire accumulant les pires clichés possibles (ah ce coiffeur  forcément homo, ces villageois forcément racistes ou incultes...) et les situations les plus ridicules (Auteuil et son mélange de mots constant propice à des gags d'une lourdeur que même Max Pécas n'aurait osé faire), Mergault n'a peur de rien et surtout pas d'inventer un cinéma d'un autre âge, celui de ceux qui n'ont plus aucun espoir et surtout ambition pour cet art. Un cinéma qui n'aura jamais sa place dans nos pages !