Critique : Long weekend

Tonton BDM | 14 septembre 2010
Tonton BDM | 14 septembre 2010
Long week-end est un film anachronique. Sans doute grand admirateur du film de 1978, Jamie Blanks prend le parti de se montrer très respectueux du matériau d'origine, en allant même jusqu'à aller rechercher Everett De Roche, scénariste du film originel de Colin Eggleston, qui ne modifiera que très peu son récit pour cette réactualisation (seule l'introduction se fait un peu moins explicite sur les causes des tensions au sein du couple). Il faut dire aussi que les scénarios de De Roche proposent un fantastique essentiellement basé sur les personnages et leurs différentes interactions au coeur d'un univers très réaliste qui se fissure petit à petit jusqu'à basculer complètement : Patrick, Harlequin, Razorback ou encore Link sont autant de représentants d'un fantastique d'une autre époque, refusant le grand spectacle et résolument premier degré, dont on se dit qu'ils seraient absolument impossibles à mettre en chantier à notre époque.

En choisissant d'opter pour un remake aussi lent et non spectaculaire que son modèle, en se dirigeant sciemment vers un cinéma 100% atmosphérique et un sujet aussi casse-gueule (on se souvient de l'accueil de Phénomènes la même année sur un sujet comparable), Jamie Blanks allait naturellement vers le suicide commercial. Car à notre époque, il semble que le spectateur de cinéma ait souvent abandonné l'idée de se laisser porter par une narration trop éloignée de son univers proche, en refusant notamment toute suspension d'incrédulité dés que la « menace » se fait invisible. Ainsi, on frissonnera sans retenue à la vision de monstres fantasmagoriques, mais on ricanera de l'idée d'une menace véhiculée par le vent ou une bardée d'atômes invisibles.

Pour peu qu'on abandonne toute prise et qu'on se laisse porter par le récit et par ces éléments presque grotesques intervenant sur une patine volontairement très réaliste (ce qui n'est pas forcément évident, mine de rien), l'expérience Long week-end pourrait se montrer absolument fascinante. En effet, Blanks parvient sans peine à installer un sentiment étouffant d'« inquiétante étrangeté » au coeur de son film, qui laisse volontairement dans l'ombre certains éléments de la narration (les causes réelles du délitement du couple, la question du couple devant les rejoindre, la situation de la plage par rapport à l'étrange arbre « marqué »..) pour se concentrer sur autant de séquences apparemment anodines qui ne font en réalité qu'augmenter au fur et à mesure la pression, le duo d'acteurs principaux montant également crescendo dans la folie (et le cabotinage) au fil du récit.

Une fois dévoilée la nature réelle de la sourde menace qui pesait sur la tête des personnages (putain qu'il est difficile de parler de ce film sans spoiler outre mesure), il est très possible que le film fasse « pschitt » auprès des spectateurs les plus cyniques ou les moins immergés dans le film  ; il est même probable que le climax, voulu pic de tension horrifique, fasse éclater de rire les plus insensibles. A ceux-là on aura envie de dire : « Mais tais-toi donc, dugong ! », d'autant plus que le film est en tous points maîtrisé : réalisation au top, photo absolument superbe (ces paysages sauvages d'Australie, mazette !), musique oppressante comme il faut... Bref, du beau boulot qui finit par rendre le film vraiment attachant : on aurait presque envie de le revoir, même quand on en est passé complètement à côté.

Résumé

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