Critique : Essential killing

La Rédaction | 12 septembre 2010
La Rédaction | 12 septembre 2010

Le postulat d'Essential killing, film adoptant les codes du « survival », offre l'occasion d'un festival Vincent Gallo (il est de presque chaque plan). Le comédien se révèle parfait en Mohammed, soldat de l'islam capturé dans les gorges de l'Afghanistan et s'évadant lors de son transfert vers une base secrète en Europe de l'est, le tout sans jamais prononcer une parole. Le personnage doit alors survivre en territoire hostile. Débute alors un vrai chemin de croix servi par un Vincent Gallo inspiré : Mohamed pour échapper à ses poursuivants doit se battre contre une meute de chiens, avaler des fourmis et des racines pour se nourrir, tue à coup de tronçonneuse un bucheron vindicatif, s'abreuve au sein d'une femme croisée au bord d'un chemin,...Une première heure assez réaliste et dense où l'on partage le désarroi du personnage perdu en milieu hostile qui fait ce qu'il peut pour conserver l'essentiel - sa vie - quitte à tuer pour y parvenir. (certaines mauvaises langues pourront objecter que le personnage manque cruellement de chance - il a droit au seul piège à loup de la forêt - et qu'il a un tempérament assez agressif et a tendance à tuer dans l'œuf toute forme de velléité à son égard).

Là où le film se perd un peu c'est lorsqu'il nous sert des flash-back de la vie de Mohammed (école coranique, vie au quotidien avec sa compagne) à mesure qu'il perd peu à peu pied avec la réalité (attaque fantasmé de chiens, apparition de sa femme dans la neige, délire lacrymal). La fuite se fait errance et le personnage perd alors son but, sa force primitive et sa logique « essentielle » pour verser dans l'imagerie doloriste de l'homme blessé à l'agonie (Gallo recueilli par une paysanne muette qui le soigne, Gallo se vidant lentement de son sang sur le dos d'un cheval blanc). Une toute autre logique se met en place avec le risque de court-circuiter le dispositif narratif antérieur et de ne plus servir que les velléités « arty » du réalisateur et de son comédien masochiste qui semble prêt à tout tenter.

Skolimovski a l'intelligence de faire court et se retient (de peu) de verser dans la complaisance morbide. Au final, un film hybride qui essaie de réconcilier un cinéma d'action pur avec une certaine idée du cinéma d'auteur réflexif. Un film par le passé a tenté une expérience similaire : Traqué de William Friedkin. Il était nettement plus convaincant !

Sébastien de Sainte Croix

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