Critique : D'amour et d'eau fraîche

Pierre-Loup Docteur | 10 septembre 2010
Pierre-Loup Docteur | 10 septembre 2010

Julie Bataille est une héroïne contemporaine tout ce qu'il y a de plus réaliste : malgré un bac+5 en poche, elle se retrouve confrontée à l'impitoyable marché du travail. Employée dans une prestigieuse agence de communication, elle exécute les tâches les plus ingrates (commander des plateaux-repas, amener les enfants de sa patronne à Disneyland...) et survit comme elle peut dans un minuscule studio parisien avec douche sur le palier. Suivant au plus près son personnage, qu'elle enferme dans des plans serrés et gris, Isabelle Czajka nous fait partager ses angoisses et tracas quotidiens. D'amour et d'eau fraîche prend alors des allures de chronique sociale, judicieusement accompagnée d'un humour qui fait souvent mouche. La réalisatrice fait preuve d'un réel talent d'écriture, et son film trouve immédiatement son rythme grâce à un montage impeccable qui maîtrise ses ellipses. Isabelle Czajka livre ainsi un film soigné et offre un joli rôle à Anaïs Demoustier, qui prête ses traits à un personnage ordinaire qu'elle réussit à rendre attachant.

La vie de Julie Bataille (et le film) bascule le jour où elle rencontre Ben (Pio Marmai) lors d'un entretien d'embauche. Lorsqu'elle décide de le suivre dans le sud de la France, la mise en scène se fait moins oppressante, les plans sont plus lumineux et moins bruyants alors que, seuls au monde, les deux amoureux ne vivent que d'amour et d'eau fraîche. Dans cette deuxième partie, le film fonctionne essentiellement grâce au charme et au talent du couple vedette. Bien que les personnages semblent retrouver une certaine liberté en vivant au jour le jour loin de la capitale, les péripéties s'enchainent jusqu'à une conclusion attendue mais plutôt habile. Isabelle Czajka réussit à mener son récit de façon tout à fait honorable (le suspense qu'elle met en place vers la fin du film fonctionne assez bien), mais D'amour et d'eau fraîche vaut surtout pour ses séquences plus contemplatives, véritables instants de grâce saisissant la sensualité des deux principaux interprètes.  

Résumé

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