Critique : 13 assassins

Laurent Pécha | 10 septembre 2010
Laurent Pécha | 10 septembre 2010

Jusqu'où s'arrêtera Takashi Miike ? L'inspiration du cinéaste le plus prolifique du monde (3 à 4 films par an) ne semble connaître aucune limite. La preuve en est faite cette année à la Mostra de Venise, où l'on a pu découvrir dans la même journée Zebraman 2 et 13 assassins. Soit d'un côté, du grand n'importe quoi qui redéfinit les limites du Z et de l'autre, un superbe film de samouraï à la puissance visuelle et narrative impressionnante. Que ces deux œuvres soient issues du même artiste, et ce la même année, est plus que déroutant.

En tout cas, notre choix est vite fait : le Miike de 13 assassins, il peut nous faire autant de films qu'il veut dans l'année. Mais en est-il capable tant ce remake d'un classique du film de samouraï (13 assassins d'Eiichi Kudo) semble si loin formellement des délires visuels qu'affectionne l'auteur de Dead or alive. Qu'importe, on sait désormais que Miike a ça au fond de lui. Et ce « ça », c'est un modèle de narration qui s'appuie sur une histoire aussi simple qu'efficace (13 samouraïs vont être recrutés pour se lancer dans une mission suicide consistant à assassiner le futur Shogun, un tyran sanguinaire) pour développer des thèmes intemporels et universels (l'honneur, le courage, l'amitié sont constamment au cœur du récit) tout en faisant la part plus que belle aux affrontements sanglants.

Outre son illustre modèle, 13 assassins rappelle les grands films que sont Les 7 samouraïs ou Les 12 salopards et plus généralement tous ces films où un groupe se lance à cœur perdu dans l'héroïsme le plus désintéressé pour affronter un ennemi visiblement invincible. Miike connaît ainsi parfaitement les règles du genre et accomplit avec brio tous les passages obligés que sont la constitution de l'équipe, la vie de groupe et le chemin pour atteindre l'objectif. Jamais dupe de ce que le spectateur attend (oui, on veut voir les assassins à l'œuvre), le cinéaste use de stratagèmes redoutables pour le faire agréablement patienter (la photo du film est juste magnifique tout comme la musique) à commencer par la mise en avant d'un méchant particulièrement retors (il tue froidement femmes et enfants le salaud !).

Et avec rigueur (oui, oui, on parle bien de Miike) et un tempo presque parfait (deux ou trois petites longueurs), Miike nous amène implacablement vers l'une des plus belles batailles vues sur un écran de cinéma. Le décor est dantesque (une ville abandonnée mais truffée de pièges d'une rare ingéniosité). L'affrontement terriblement déséquilibré : 13 contre 200. Et c'est parti pour 50 minutes (!!!) d'un combat titanesque où les sabres virevoltent dans tous les sens, où les cadavres ne cessent de s'accumuler et où le sang coule à flots (mais jamais en numérique). Et tout ceci avec un sens de la mise en scène absolument sublime qui rend le « spectacle » constamment lisible. Du grand, du très grand art !

Takashi, tu nous fais un 2 dès demain ? Et le 3 et 4 pour 2011 !

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