Critique : Spasmo

Tonton BDM | 30 août 2010
Tonton BDM | 30 août 2010

Étrange film que ce "Spasmo". Absolument surréaliste dans ses rebondissements, illogique et irrationnel dans son déroulement (les personnages agissent en dépit du bon sens), souvent complètement grotesque dans ses dialogues, ce faux giallo a toutes les allures du gros nanar des familles, et donne, dans sa première partie tout du moins, l'impression d'un thriller réalisé par Philippe Clair, d'autant plus que la réalisation de Lenzi, riche en zooms intempestifs, donne souvent une impression de maladresse assez amusante/affligeante (rayer la mention inutile).

Mais en fait... Il faut peut-être aller regarder un peu plus loin. Déjà parce que ce thriller rital a la particularité d'être un whodunit sans crime, et que c'est déjà intriguant (pourquoi ce petit monde s'agite-t-il dans le fond, puisqu'il n'y a ni assassin ni victime ?). Ensuite parce que la musique de Morricone, aux limites de l'expérimental par moments, ajoute vraiment une ambiance lourde, presque délétère au métrage, ce qui a pour effet de lui conférer des airs de cauchemar éveillé... Impression qui laisserait presque penser que le script du film donne volontairement cette impression de nawak permanent, presque digne d'une expérience d'écriture automatique. Alors, Lenzi, précurseur de Lynch ?

Il faut avouer aussi que si l'on excepte les zooms évoqués un peu plus haut, Lenzi était loin d'être manchot avec sa caméra : aussi "Spasmo" est-il rempli de plans habilement construits ou très marquants, et même parfois de véritables fulgurances graphiques... Une maîtrise formelle indéniable, au service d'un film vraiment bizarre, flirtant souvent avec le ridicule, et devant lequel il faut sans doute baisser les armes et se laisser porter, comme devant un trip 100% sensoriel, jusqu'à un final vraiment réussi.

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