Critique : Allez coucher ailleurs
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, en Allemagne, la romance contrariée entre un capitaine français et une lieutenant de l'armée américaine est le prétexte pour Howard Hawks d'une nouvelle screwball comédie, genre typiquement hollywoodien dont il est l'un des meilleurs représentants. S'il retrouve pour l'occasion son acteur de L'impossible monsieur bébé, Cary Grant, Hawks n'atteint pas avec Allez coucher dehors le même niveau d'excellence absolu. Peut être et sans doute parce que la partenaire de Grant n'est que Ann Sheridan (qui signe au demeurant une performance convaincante) et non pas l'insurpassable Katharine Hepburn.
Cela n'empêche
toutefois pas Allez coucher dehors d'être comme presque toutes les
comédies de Hawks un véritable manifeste à la beauté, l'intelligence et à la
supériorité dans bien des domaines de la femme. Si le
rôle de la femme était singulièrement limité dans les films dits d'action du
cinéaste, il se rattrapait largement dans ses comédies en s'amusant à rabaisser
ou ridiculiser les hommes (Cary Grant adopte ici toutes les postures et actions
réservées d'ordinaire à une femme,...) tout en mettant en évidence l'efficacité,
le savoir-faire, la maîtrise féminine.
Tourné en extérieurs, chose rare pour l'époque et pour le type de film,
rondement mené, multipliant les répliques corrosives (une satire superbe de la
bureaucratie et tout son lourd système inefficace ou lent) et maniant
l'absurdité des situations jusqu'à leur paroxysme (l'hilarante dernière
demi-heure où Cary Grant tente en vain d'imposer son statut de marié de guerre
pour obtenir un simple lit et dormir), Allez coucher dehors constitue un
des fleurons de la comédie américaine classique et un des innombrables
démonstrations du génie "hawkssien".
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