Critique : Vic le Viking

Est-ce qu'un mauvais film allemand peut nous faire réfléchir sur nos mauvais films français ? C'est peut-être la seule excuse que l'on pourrait trouver à Vic le Viking, film pour enfant adapté d'un dessin animé éponyme des années 70.

Reprenant quasi à la lettre l'intrigue des premiers épisodes, le film nous narre l'histoire d'un jeune viking aux petits biceps mais à la tête bien remplie qui, à la suite de nombreuses épreuves, démontrera à son gros costaud de père que les muscles ne valent rien sans un cerveau. Postulat qui s'adaptait à merveille à une série télé qui faisait la part belle à une poésie expressionniste dans ses traits et à une nonchalance enfantine dans son propos, mais qui ne s'accommode plus du tout à un long métrage en prises de vue réelles presque 30 ans après son premier épisode, surtout au moment où sortent sur nos écrans des films comme Dragons ou Toy story 3.

Autant le dire tout de suite, Vic le Viking nous rappelle nos plus mauvais souvenirs de jeunesse, les après-midi d'ennui devant une télévision pas capable de nous donner les frissons du matin, ceux du Club Dorothée. Pour résumer, on pourrait aisément dire que Vic est un mélange entre Tatort et Fifi brin d'aciers, je ne sais pas pour vous mais j'ai toujours eu une aversion pour les deux.

Alors pourquoi réfléchir lorsque tout dans un film vous rappelle le pire des années 80 ? Car le film en question a rapporté plus de 29 millions d'euros en Allemagne, à peu près autant qu'Astérix aux jeux olympiques en France (film où le réalisateur Michael Herbig jouait d'ailleurs Pasunmotdeplus...). Que s'est-il passé dans la tête de nos voisins germaniques pour adhérer en masse à un divertissement aussi bas de gamme, et où jeux d'acteurs, mise en scène et coups scénaristiques semblent tous tendre vers un seul but, la médiocrité et la facilité ? On pourrait répondre en se posant la même question à propos de plusieurs de nos succès français dont je tairai les noms... Vic est donc un exemple de plus de l'impossibilité d'exporter un concept basé sur une  exception culturelle, le dessin animé d'origine n'ayant jamais été un succès populaire dans nos contrées.

Ici, nul second degré, nul élancé héroïque, juste la banalité d'une aventure vue et revue mille fois et qui n'a même pas réussi à déclencher la moindre étincelle dans les yeux des enfants cordialement invités à la projection où je me trouvais.

Eric Jolivalt