Critique : Lluvia

La Rédaction | 21 juillet 2010
La Rédaction | 21 juillet 2010

Lluvia pose une atmosphère enveloppante, tantôt poétique, tantôt neurasthénique. Le film se construit sur la rencontre entre Roberto et Alma à Buenos Aires. Une rencontre troublante et inopinée. L'homme entre brusquement dans sa voiture de la jeune femme, à l'arrêt depuis un bon bout de temps sous une pluie diluvienne. On ne sait pas s'il est poursuivi, s'il est armé. Il a la main en sang. Elle est d'abord terrifiée, mais le laisse prendre place à bord du véhicule. Peu à peu, de solitude à solitude, une relation se noue entre les deux personnages, tous deux comme des chiens égarés à Buenos Aires. Lui parce qu'il vient de Madrid. Elle, parce qu'elle est seule et isolée depuis plusieurs jours, vivant dans sa voiture.  

Lluvia ne jouit pas d'un synopsis inédit, mais le film parvient à dérouler son histoire en finesse. Chaque personnage est un mystère, l'un pour l'autre, mais aussi pour le spectateur. Ils se dévoilent sur le tard. Leur rencontre a la même incidence sur le public que sur eux. Nul besoin de connaître leur passé ou de décortiquer le pourquoi ils en sont là pour créer une intimité. Lluvia est comme l'histoire d'un instant suspendu, entre parenthèses. Qui n'aura aucune incidence sur leur avenir, mais qui prend une importance démesurée sur le présent. Comme un huit clos qui démultiplierait les émotions, à deux, seuls contre tous, on obtient une proximité amplifiée. Comme si la vie continuait par ailleurs et que Roberto et Alma vivaient leur rencontre sur une autre échelle de temps.  

Le film est comme un laboratoire qui prouve que l'Autre est absolument nécessaire à la survie. L'Homme est animal social. Il est un éternel enfant, dont la solitude devient quasi insoutenable et Alma en est la preuve : à tout vouloir quitter, elle finit par quémander un lien, une attention. Roberto et Alma pourraient être deux « figures expérimentales » pour démontrer que l'homme meut à plusieurs, même lorsqu'il croit fuir ses proches. Lluvia est une expérience poétique de l'emprise du temps sur les perceptions humaines. Loin d'être parfait ou d'une grande originalité, son atmosphère mélange gracieusement tristesse et ennui.

Laure Beaudonnet

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