Critique : Les Femmes de mes amis

Thomas Messias | 5 mai 2010
Thomas Messias | 5 mai 2010

À ceux qui, dans un élan de méchanceté gratuite, seraient tentés d'affirmer que la plupart des films de Hong Sangsoo se ressemblent, on pourra répondre que oui, en effet, c'est vrai, de la même façon que toutes les histoires d'amour se ressemblent. Impossible de nier l'absolue convergence des styles et des thématiques de chacune - ou presque - des oeuvres du maître, qui place régulièrement un homme - généralement un artiste - au coeur d'un marivaudage où explosera le pathétique de sa personnalité et le ridicule de certaines situations. L'oeuvre complète de Hong Sangsoo, avec ses côtés délicieusement répétitifs, est emblématique de nos existences passées à reproduire à chaque rencontre les mêmes schémas amoureux et les mêmes erreurs de conduite.


Les femmes de mes amis - mauvais titre - n'échappe pas à la règle : construit comme toujours en plusieurs parties distinctes, le film épouse le point de vue d'un réalisateur pensant avoir raté sa carrière, qui tentera une aventure amoureuse avec la femme d'un autre... à ses risques et périls. On ne tient pas là le film le plus original de son auteur, qui développe des thématiques résolument classiques et moins éblouissantes que dans ses récents Woman on the beach et Night and day... Pourtant, une nouvelle fois, le cocktail fonctionne à plein régime, l'humour de Hong Sangsoo étant quasiment inégalable, bourré d'alcool de riz et de petites actions passablement ridicules. Les femmes de mes amis n'est pas loin d'être le film le plus drôle de son auteur, d'abord parce qu'il ne s'intéresse aux histoires d'amour du personnage principal que dans un second temps.


La première partie du film tend en effet vers la comédie pure, non loin du cinéma de Woody Allen, puisque le réalisateur en question est convié à officier en tant que juré dans un festival de cinéma. Se débattant avec son image de cinéaste, qu'il juge erronée, il doit également faire avec les conventions de ce genre d'évènements, et sombrer dans l'hypocrisie la plus totale dès lors qu'il s'agit d'évaluer un film devant lequel il a dormi de part en part, trop occupé à cuver sa cuite de la veille... Assez hilarant, toujours alcoolisé, Les femmes de mes amis résonne comme l'une des oeuvres les plus autobiographiques de Hong Sangsoo dont on sent le vécu en tant que cinéaste et amoureux navrant. Il ne restera pas parmi ses chefs d'oeuvre, mais quand un artiste de cet acabit livre un film légèrement en-dessous de sa moyenne, c'est déjà une magnifique offrande au monde du septième art.

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