Critique : Mammuth
Tout juste à la retraite, Serge (Gérard Depardieu) va devoir sillonner la France à la recherche de ses fiches de paie pour faire valoir ses droits à la retraite. L'occasion pour les deux cinéastes trublions du Groland de nous offrir un singulier road movie et de prouver après Papa que le genre sied finalement parfaitement bien au cinéma français à partir du moment où l'on y met de l'âme. Et Mammuth en regorge tour à tour truculent, déroutant, poétique et finalement bigrement touchant.
De rencontres insolites (Anna Mouglalis en aguicheuse estropiée) en retrouvailles bouleversantes (Adjani-Depardieu dans un duo dont l'histoire, tragique, est aussi brève que primordiale au récit), Mammuth et son style faussement simpliste et pris sur le vif (on sent pourtant que chaque plan est longuement réfléchi pour faire naître l'émotion recherchée) offrent une bouffée d'oxygène cinématographique.
Ce qui étonne le plus dans cette œuvre parfaitement pensée et exécutée, c'est sa sincère et simple capacité à nous émouvoir avec le portrait d'un homme qui va trouver la paix intérieure. En cela, la grande force du film, c'est de pouvoir compter sur un Depardieu impérial. La star a rarement été aussi bouleversante et on le sent comme un poisson dans l'eau dans l'univers pourtant bien trash et noir du duo Kervern-Delépine. Une drôle de rencontre à l'image d'un film pas comme les autres qu'on garde dans le coin de la tête bien longtemps après la sortie de la salle.
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(3.0)