Critique : L'Absence

Thomas Messias | 9 mars 2010
Thomas Messias | 9 mars 2010

Belle idée que celle de Cyril de Gaspéris, à savoir décrire la maladie d'Alzheimer à travers les yeux de ceux qui accompagnent la personne qui en souffre. Pour son premier long, le réalisateur ausculte avec délicatesse les conséquences d'un mal qui fait finalement des ravages bien au-delà de sa victime principal. Choisissant pour décor une maison reculée située au milieu des marais, L'absence montre à quel point la détresse de ceux qu'ils aiment peut pousser certaines personnes à se réfugier dans une solitude qui n'a rien d'un soulagement mais fait office de placebo.


Très réfléchie, faisant souvent oublier le manque de moyens, la mise en scène commence par démonter le calvaire vécu par les proches de la malade brillamment incarnée par Liliane Rovère : Gaspéris travaille dans la durée pour insister sans complaisance sur la pénibilité de l'accompagnement et sur la difficulté pour la famille de reconnaître celle qui fut jadis une icône maternelle ou amoureuse. On sent un rien d'improvisation dans tout cela, d'où un rythme parfois lâche, le tout étant heureusement mis au profit d'un réalisme à toute épreuve. La caméra reste souvent à distance et observe les évènements d'un oeil presque froid mais pas sans humour. Qu'Anna, sous l'effet de la démence, colle un pain au maître nageur qui s'occupe patiemment d'elle, et c'est toute un poids qui disparaît momentanément.


Si L'absence ne va malheureusement pas beaucoup plus loin, c'est parce que ce traitement distancié colle de moins en moins bien à l'évolution scénaristique. Bientôt délaissée par un mari aux abonnés absents, Anna reste dans sa maison en compagnie de Félicia, jeune auxiliaire de vie appliquée et impliquée. Un personnage souvent effacé, en introspection permanente, qui peine à s'affirmer et que l'actrice Cécile Coustillac n'arrive que trop rarement à faire décoller. S'ouvre alors une longue phase plus morne qu'autre chose, qui fait regretter que Cyril de Gaspéris n'ait pas été plus offensif avec des personnages qu'il aurait pu mener plus loin dans la réflexion et l'émotion tout en se préservant d'un côté melo qu'il semble fuir - à juste titre. Reste l'image d'un film en demi-teinte, qui saisit par son approche documentaire mais ne va hélas pas plus loin.

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